
L’accès à l’eau potable est inégalement répartie dans la Grande Ile. Une situation qui ne semble pas être résolue malgré les efforts entrepris par les divers acteurs.
Enjeu important pour Madagascar, l’eau peut être « un outil de développement réel, effectif, durable et efficace ». La situation est toute autre quand il s’agit de l’adduction en eau potable des presque 24 millions de Malagasy. En effet, l’accès à l’eau potable est inégalement réparti dans la Grande Ile. Car si dans les grandes agglomérations, l’on peut plus ou moins facilement avoir de l’eau potable, cela n’est pas le cas dans les autres régions. Ainsi, si le taux d’accès à l’eau potable est de 40,1% au niveau national, ce taux vire à 8,67% dans la région Atsimo-Atsinanana, 15,22% dans la région Melaky et 74,22% dans la région d’Analamanga. Une situation qui peut être expliquée par le faible taux de couverture des infrastructures d’adduction d’eau. En effet, beaucoup de population des régions (autres qu’Analamanga) puisent encore l’eau destinée à la consommation dans les rivières ou fleuves, situés en contrebas des villages, qui peuvent se situer à plusieurs kilomètres. Une tâche, aussi fastidieuse qui est traditionnellement dévolue aux femmes et aux enfants. Comme le cas dans la région du Sud, plus particulièrement à Amboasary où femmes et enfants doivent parcourir environ 20 kilomètres pour la collecte de l’eau. Un trajet que ceux-ci doivent effectuer en six heures environ.
Impacts. La situation de faible accès à l’eau qui se manifeste par un taux national de 40,1% a des conséquences négatives au niveau socio-économique. En effet, handicapant le développement humain et économique, ladite situation contraint les femmes et les enfants à limiter les heures devant être consacrées aux activités productrices et génératrices de revenus. Ce qui implique une stagnation, voire une régression du niveau de vie des habitants de diverses zones et régions de l’Île. La situation influe également sur l’état de santé des populations locales car l’eau, n’étant pas assurément potable, est à forte chance un vecteur de nombreuses maladies parasitaires telles que la diarrhée ou la bilharziose. Des maladies classées parmi les premières causes de décès chez les enfants dans certaines régions de l’île.

Ravitaillement en eau potable : Les efforts continuent malgré tout !
Tout est question de volonté ! Une expression que l’on entend souvent dire les responsables aussi bien étatiques qu’issus d’organisations de la société civile et qui trouve son sens dans des actions menées pour bénéficier les habitants des zones locales du droit à l’eau potable et à l’hygiène. C’est dans ce cadre qu’a été initié le projet EPAAL ou Eau potable et Assainissement avec les Acteurs Locaux. Mis en œuvre et réalisé par l’ONG FIKRIFAMA (FIfanampiana KRIstiana ho an’ny FAmpandrosoana eto MAdagasikara), financé par l’Union Européenne à hauteur de 9 410 000 EUR et entrant dans le cadre du programme AREA ou Accès Rural à l’Eau potable et à l’Assainissement, le projet vise à améliorer la santé et l’hygiène des populations les plus défavorisées. Et ce, afin de réduire la mortalité infantile par l’accès à l’eau potable qui est un pas vers une meilleure hygiène d’un côté. Mais également, et par suite logique, de contribuer à la réduction de la pauvreté de l’autre. Des objectifs qui cadrent bien avec la réalisation des ODD dans le secteur de l’Eau et l’Assainissement à Madagascar.
Réalisations. Ainsi, dans cet objectif de bénéficier les populations locales de l’accès à l’eau potable, un système d’adduction d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement a été mis en place dans la commune rurale d’Ampary, district de Soavinandriana Itasy. Composé de deux captages en béton armé, de deux réservoirs de forme cylindrique et cubique et de 24 bornes fontaines, ledit système devrait réduire les difficultés engendrées par la collecte de l’eau sur les 3 633 bénéficiaires. Inauguré hier en présence du ministre de l’Eau et d’un représentant de l’UE, le système a été remis à la population de la commune d’Ampary. Et dans le but d’impliquer ladite population dans la gestion des infrastructures, une association d’usagers de l’eau dénommée Ranomamy s’est vue attribuer la tâche de gérer les ouvrages par l’intermédiaire d’un comité de l’eau élu par les bénéficiaires. Une façon pour les initiateurs de responsabiliser la population locale.

Accès à l’eau : Quelques chiffres clés
11,7 millions de malgaches n’ont pas encore accès à l’eau potable actuellement.
Environ 88% des malgaches n’ont pas la possibilité d’avoir de l’eau pour des besoins sanitaires et d’hygiènes.
Environ 2 100 enfants meurent chaque année de la diarrhée causée par la consommation d’eau de mauvaise qualité (ne devant pas être sujet à la consommation)
Eau : Quid de la pollution ?
En plus de la difficulté d’accès, le problème de pollution constitue une entrave à l’épanouissement des populations locales. Une situation de pollution qui tire son origine de la déforestation. Cette dernière, étant la conséquence des actions humaines, provoquent à leur tour l’érosion et la sédimentation qui détériorent la qualité des eaux. Il y a également les diverses pollutions d’origine organique causées par les problèmes d’assainissement et d’hygiène. En effet, le manque d’infrastructure pour l’hygiène est additionné à la culture de certaines populations locales. Ainsi, la pollution peut toucher les eaux de surface comme les rivières mais aussi les sources (souterraines ou non).


Les Perspectives ?
Assurer le développement de l’accès à l’eau potable pour tous est possible. Seulement, cela requiert des efforts émanant de chaque citoyen. Notamment dans le changement des comportements liés à la compréhension des enjeux que représente l’eau. Sur le côté technique, il y a un besoin énorme de renforcement des capacités de toutes les parties prenantes concernées telles que les organisations de la société civile, les communes, les agents administratifs ou encore le secteur privé. Viendrait ensuite la question de bonne gouvernance qui se manifesterait par la transparence des appels d’offre, l’utilisation des manuels de procédures, la mobilisation et l’utilisation rationnelle des ressources mises à disposition… Et le dernier et non le moindre, une attention particulière au respect des normes relatives à l’implantation adéquate des captages, à l’amélioration des infrastructures, à la protection contre les pollutions et les traitements de l’eau.
Dossier réalisé par José Belalahy