L’Etat se soucie au plus haut point des intérêts des agents publics. Ces derniers ne risquent pas un éventuel non paiement de leurs salaires durant l’exercice 2023.
Dans le discours qu’elle avait prononcé la semaine dernière durant la traditionnelle présentation des vœux du personnel du ministère de l’Economie et des Finances à son endroit, la ministre Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison était plus que rassurante en annonçant que le salaire des fonctionnaires étant une dépense prioritaire, l’Etat trouvera toujours un moyen de les payer.
Priorité
Une déclaration qui n’a rien d’une démagogie puisque si l’on tient compte de la loi de finances initiale 2023, le salaire des fonctionnaires figure parmi les priorités de l’Etat. Dans cette LFI en effet, la masse salariale est estimée à 3 623,9 milliards d’ariary, « Elle représente 22,11% du total des dépenses publiques et 41,85% des recettes fiscales nettes » précise le document du MEF. Comparé à celle de 2022, le montant de la masse salariale augmente de +386.3 milliards d’ariary, soit +11,93%. Parmi les facteurs qui expliquent cette hausse figurent la comptabilisation en année pleine en 2023 des mesures adoptées en 2022, notamment la hausse généralisée des salaires via les taux dégressifs allant de 25% à 5%, les recrutements de 16 197 agents, tant en direct que via des concours sortants, et l’intégration dans le Budget Général du paiement du Personnel Administratif et Technique au sein des Universités, des IST et du CROUA. La hausse de la masse salariale s’explique également par la budgétisation des nouveaux recrutements au titre de 2023 dont 6 010 recrutements directs, 2 955 agents sortant de formation sur concours administratifs effectués en 2021 et 2022 et la nomination d’ambassadeurs ou consuls dans les pays où Madagascar n’est pas encore représenté diplomatiquement ainsi que du personnel technique et administratif associé. La mesure d’augmentation de la masse salariale s’explique aussi par la volonté de l’Etat de se soucier de la condition de vie des fonctionnaires, à travers « la majoration des salaires pour maintenir le pouvoir d’achat des agents de l’Etat et la hausse du montant de l’enveloppe allouée aux secours aux décès face à la persistance de la pandémie ». Il y a, par ailleurs, la régularisation de certains arriérés et rappels sur solde (cotisations patronales, avancements, reclassements, diverses indemnités, etc.) et l’adoption de mesures catégorielles qui seront mises en vigueur à partir de 2023.
Discipline budgétaire
La gestion de la masse salariale confirme par ailleurs la volonté de l’Etat de se conformer à la discipline budgétaire convenue avec les bailleurs de fonds. Représentant 5.1% du Produit Intérieur Brut (PIB) nominal, cette hausse de la masse salariale est en ligne avec le taux fixé par le Fonds Monétaire International (FMI) dans le cadre du programme de la Facilité Élargie de Crédit (FEC). Elle représente 22,11% du total des dépenses publiques et 41,85% des recettes fiscales nettes. Notons que la masse salariale est constituée du traitement et des indemnités des agents de l’Etat, ainsi que de la part patronale, représentant la contribution de l’Etat au financement des pensions de ses agents (19% du salaire de base versé par le Budget Général aux comptes d’affectation des caisses de retraite publiques). Son évolution par rapport au Produit Intérieur Brut nominal (PIB nominal), aux recettes fiscales nettes et aux dépenses totales impacte directement la qualité des services publics, mais également la viabilité des finances publiques, et donc le développement économique et social d’un pays. En effet, la fonction publique doit être suffisamment dotée en personnel compétent afin d’assurer le rôle de l’Etat auprès de la population. Elle est le garant du bon fonctionnement des organismes et des institutions.
R.Edmond
Un tour de passe – passe…communicationnel
Calculette en main , bien fûté qui peut expliquer une quelconque possible hausse de la masse salariale de l’Administration publique quand la loi de finances 2023 , votée sans amendement par l’Assemblée Nationale , retient 9.498 postes contre 17.900 en 2022 , soit 8.402 postes en moins (- 47%) . Sauf à retrouver la différence dans les budgets consacrés à – 1/ La présidence : 338.487.175.000 ar # 219.288.714.000 ar en 2022 , soit une augmentation de 54,35% , -2/ La communication et la culture : 37.792.465.000 ar # 23.207.543.000 ar , soit (+ 62,85%) . Sans doute par le recours à des cabinets privés étrangers , à l’exemple d’un certain Jupiter .
Pour rappel , les petits 3% et 0,3% du budget 2022 consacrés respectivement à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique disent clairement le désintérêt national pour ces domaines pourtant essentiels .
La tendance à prioriser l’accessoire sur l’essentiel est confirmée. En effet , les budgets attribués aux Mines et au Tourisme reculeraient de 21.882.225.000 ar et 11.843.832.000 ar en 2022 à 19.821.819.000 ar et 10.755.877.000 ar en 2023 , soit (- 9,42%) et (- 9,2%) .