
Le ministre de la Police nie l’existence d’une expédition punitive menée par ses hommes. Les responsables des crimes sont déjà entre les mains des enquêteurs, a-t-il annoncé.
« Partout, on parle de vindicte populaire, mais nous (la grande famille de la police) nous voyons les choses autrement : un double assassinat dont les deux victimes sont des nôtres » a expliqué le ministre de la Sécurité publique hier durant sa rencontre avec la presse. Une manière pour lui d’annoncer que les responsables de ces actes seront traduits devant la justice. Sur cette affaire d’ailleurs, des arrestations en série ont eu lieu à Ambalamanga. Le patron de la police avance que ses éléments sur place ont mis la main sur quarante individus. Ces derniers ont, tout de suite, été acheminés à Antsohihy, là où ils seront auditionnés par la brigade criminelle. Le contrôleur général de police Anandra Norbert, lui-même ministre de la Sécurité publique, a nié certaines versions rapportées sur l’affaire Befandriana-Nord. « Non, il n’y avait aucune forme d’expédition punitive de la part de nos hommes. Non, nos hommes n’ont pas tué les villageois et d’ailleurs il n’y avait aucune mort d’homme durant leurs interventions. Non, les éléments de la police en service commandé n’ont pas incendié des villages », a-t-il souligné. Un triple Non qui en dit long : le ministre dément toutes les versions rapportées sur l’intervention policière à Ambalamanga, cette localité située à 15 km de Befandriana-Nord. « Comme il s’agit d’assassinats, nous avons le devoir d’arrêter les criminels et nous l’avons fait. Les meneurs du groupe que nous qualifions pour l’instant d’être les cerveaux de l’acte sont parmi les quarante personnes entre nos mains » dixit le même ministre qui, dans la foulée, a mis en garde contre la diffusion de fausses nouvelles, puisque « la diffamation/ l’outrage envers l’Etat est punissable ». Il défend la thèse selon laquelle les deux policiers victimes de « vindicte populaire », un terme qu’il évite, sont bien des éléments en service commandé. Ils avaient pour mission d’exécuter une décision judiciaire, un ordre en bonne et due forme et avalisé par le chef district de la localité. Ces victimes seront prochainement décorées à titre posthume chevalier de l’ordre national. Les vindictes populaires devenues alors phénomène de l’année continuent d’alimenter les polémiques et le silence des voix autorisées favorisent parfois ces dérives. A vrai dire, le ministre de la Police a été le premier à briser le silence pour partager son avis sur le sujet. Deux semaines auparavant, il a rappelé à l’ordre ses hommes afin d’avoir un bon comportement face aux citoyens. Ironie du sort, deux de ses éléments ont été victimes de cette pratique médiévale. Actuellement, toutes les réflexions mènent à chercher des solutions pour en finir avec ce phénomène. A Antananarivo, une Commission de Réforme pour l’Intégrité Judiciaire (CRIJ) vient d’être créée et s’est saisie de la question sur la prolifération inquiétante du phénomène de justice de foules violentes dit « vindicte populaire ». Voici un extrait de sa proposition de résolution : « …Exhorte les institutions, parties prenantes du secteur Justice et notamment celles du système judiciaire répressif, de la constatation des infractions jusqu’à l’exécution des décisions de justice, à effectuer un examen introspectif de leurs propres responsabilités sur la prévalence du phénomène et à expliquer et exposer publiquement les défaillances qui méritent d’être traitées (…) Appelle les autorités étatiques et morales à tous niveaux de gouvernance à condamner fermement tout acte tendant à l’apologie, à l’incitation active ou passive et à l’exécution des vindictes populaires (…) Appelle les médias à ne pas verser dans l’exhibitionnisme et le sensationnalisme sur le phénomène et rappelle le respect de la dignité humaine…».
D.R