
La balle est désormais dans le camp de la Justice qui devrait choisir entre se soumettre à la résolution prise vendredi dernier à Tsimbazaza, ou continuer à travailler en toute indépendance.
« Un acharnement politique ». C’est ainsi que les députés considèrent l’incarcération de Ludovic Adrien Raveloson, député élu à Mahabo et Hasimpirenena Rasolomampionona, député de Fandriana. Les deux parlementaires ont été placés sous mandat de dépôt bien avant les élections législatives. Vendredi dernier, l’Assemblée nationale a pris la décision relative à leur libération. En effet, la commission spéciale mise en place au sein de la Chambre basse pour trancher sur les questions de la levée de l’immunité parlementaire des députés a décidé de la suspension du mandat de dépôt des deux parlementaires. Cette résolution a été adoptée en séance plénière par 45 députés. Cette initiative confirme la démarche des députés qui œuvrent et manœuvrent en vue de la libération de Hasimpirenena Rasolomampionona, accusé d’être impliqué dans la vente de la Villa Elisabeth, et de Ludovic Adrien Raveloson. Ce dernier a déjà été condamné à 5 ans d’emprisonnement ferme pour la destruction de la forêt de l’aire protégée Antimena Menabe. Il est également poursuivi pour une affaire de double assassinat et détention illégale d’armes. Pour l’heure, aucune réaction n’a été faite ni de la part du ministre de la Justice, ni de la part du CSM et du SMM par rapport à cette résolution prise à Tsimbazaza. Un silence que l’on pourrait être interprété de « complice ».
Entrave à la Justice. En effet, bon nombre d’observateurs dénoncent dans cette démarche, le corporatisme des députés qui « tentent de mettre la pression sur les responsables de la Justice pour libérer leurs collègues ». Et ce, bien malgré la condamnation ferme que la Justice a prononcée contre l’élu de Mahabo. D’ailleurs, d’après les informations, actuellement, Ludovic Adrien Raveloson ne se trouve plus en prison. Il aurait bénéficié d’un régime de main-d’œuvre pénale pour le compte de la Chambre de commerce de Morondava. Tsimbazaza aurait déjà avisé la Primature et le Ministère de la Justice par rapport à la résolution prise vendredi. La question est de savoir si ces autorités vont accepter de se soumettre à l’exécution de cette résolution. Quoiqu’il en soit, la mise en place de cette Commission spéciale à l’Assemblée nationale qui se chargera des questions liées à l’immunité parlementaire, risque fort de provoquer une friction. Certains observateurs voient à travers cette résolution visant à réclamer la libération de Hasimpirenena Rasolomampionona et Ludovic Adrien Raveloson comme une entrave à l’indépendance de la Justice et/ou un empiètement du pouvoir législatif sur le pouvoir judiciaire. D’autant plus que cette affaire survient pile au moment où la Justice se trouve sur le devant de la scène avec l’assainissement et le renforcement de la lutte contre la corruption exigés par le président Andry Rajoelina. Au lieu de bafouer les principes de la séparation des pouvoirs, les députés, en tant que « Raiamandreny » et des élus du peuple, devraient plutôt montrer l’exemple et faire confiance à la Justice malgache.
Davis R