
Comme il fallait s’y attendre, Soamahamanina a été de nouveau le théâtre d’un affrontement sanglant entre les forces de l’ordre et les opposants à l’exploitation aurifère de la société Jiuxing Mines.
Du sang a de nouveau coulé à Soamahamanina. L’affrontement a été inévitable hier entre des manifestants déterminés et des éléments de l’Emmoreg prêts à défendre l’exploitation aurifère effectuée par la société chinoise Jiuxing Mines. Face aux violents assauts des forces de l’ordre qui ont tiré des grenades lacrymogènes sur les manifestants, ces derniers ont riposté par des jets de pierre. Les courses-poursuites ont été déclenchées devant le bureau de la commune rurale de Soamahamanina. Les manifestants qui ont brandi des banderoles ont été traqués jusqu’au marché où des marchands se sont plaints du vol de leurs marchandises. Résultats : 7 manifestants et 6 gendarmes ont été grièvement blessés dont le commandant de la compagnie de la Gendarmerie de Miarinarivo. Les 7 manifestants blessés qui ont reçu des éclats de grenade sur leur visage et leur crâne ont été immédiatement admis au CSBII de Soamahamanina. Par ailleurs, cinq manifestants ont été arrêtés et deux de leurs leaders sont actuellement recherchés. Au moment où nous écrivons l’article, le domicile du président de l’association Vona Soamahamanina fait l’objet d’une perquisition.
Libération et départ définitif. Visiblement, les opposants à l’exploitation aurifère effectuée par la société chinoise Jiuxing Mines ne reculent pas malgré le fait qu’Augustin Andriamananoro (originaire de Soamahamanina) qui fait actuellement l’objet de recherche des forces de l’ordre ne soit plus avec eux. Hier, les manifestants ont non seulement revendiqué le départ définitif de la société Jiuxing Mines, mais également et surtout réclamé la libération de deux dirigeants de l’association Vona, Pierre Robson et Tsihoarana Andrianony, placés sous mandat de dépôt à la prison d’Antanimora depuis le 23 septembre. A l’allure de ce qui s’est passé hier à Soamahamanina, il serait encore difficile de trouver un terrain d’entente entre les protagonistes, la population de Soamahamanina et l’Etat qui persiste, à travers le directeur du cabinet du ministère des Mines, sur la poursuite de l’exploitation. A rappeler que le pouvoir a promis un dialogue avec la population locale, avec la promesse de construire des infrastructures sociales dont des hôpitaux et des salles de classe, mais rien n’a été réalisé jusqu’à présent. Bref, la tension est loin de baisser. Reste à savoir jusqu’où ira l’Etat si toute la population de Soamahamanina est prête à aller en prison pour la défense de leur terre patrie.
R. Eugène