De nombreux acteurs de développement, tels que des organismes internationaux et des opérateurs réunionnais adoptent maintenant le système inclusif et durable dans le dessein de résoudre le problème d’insécurité alimentaire. Des opérateurs se sentent responsables de ne pas anticiper pour pouvoir l’éviter.
La production agricole comme le pois du cap a connu une baisse en volume étant donné que les paysans ne disposent plus de moyens pour ré-investir. En outre, la vente sur pied des produits agricoles immatures réduit considérablement la qualité de l’offre, sans oublier le vol de récolte suite au problème d’insécurité alimentaire. Pour y faire face, le FIVAGRI (Fivondronan’ny Agri-businessmen) lance le social business via la mise en place du système inclusif et durable. En effet, « on ne parvient pas à assurer un développement économique sans avoir pu résoudre ce problème social. Nous misons ainsi sur le développement de la politique des filières porteuses comme le pois du cap, qui permettront par la suite de relancer d’autres filières contribuant à la sécurité alimentaire des paysans producteurs. Il s’agit, entre autres, des filières maïs et manioc car ce sont des principales denrées alimentaires de la population dans le Sud», a expliqué Faly Rasamimanana, le PDG de Faly Export, membre de FIVAGRI.
Bénéfice net. « Nous ciblons en fait cette région pour la mise en œuvre de ce projet afin de résoudre le problème d’insécurité alimentaire sur place d’une manière pérenne. D’autant plus, deux barrages hydro-agricoles permettant d’irriguer de grands périmètres, viennent d’être réhabilités dans le Sud pour ne citer que celui de Manombo qui a été inauguré par le Président de la République cette année. Le projet est également viable grâce à l’existence du port à Toliara facilitant l’évacuation des produits destinés à l’exportation », a-t-il poursuivi. En outre, la filière pois du cap est lancée car le prix aux producteurs est maintenant incitatif atteignant 2 800 Ariary/kg tandis que le cours mondial évolue entre 1 300 et 1 500 USD/tonne, depuis ces trois dernières années. Dans le cadre du social business, le FIVAGRI s’engage à acheter la production des associations paysannes regroupées au sein d’une coopérative en proposant un prix incitatif du pois du cap pré-exporté. « Le bénéfice net de la coopérative sera réparti en trois catégories. La première constitue un fonds revolving servant à ré-investir dans la filière pour pérenniser le système inclusif et durable. La deuxième catégorie vise à développer les autres filières maïs et manioc afin d’assurer la sécurité alimentaire et de satisfaire la demande au niveau de l’Océan Indien. En effet, cette zone importe 250 000 tonnes de maïs/an en Argentine. La dernière constitue un fonds pour le développement social des paysans concernés. La préservation de l’environnement, surtout la forêt de Mikea dans le Sud constitue une des conditions sine qua non pour pouvoir bénéficier de ce social business. Et la gestion de ce bénéfice net de la coopérative se fait via mobile banking pour une meilleure transparence », a précisé Faly Rasamimanana.
Label Océan Indien. Notons que trois opérateurs économiques nationaux oeuvrant dans le secteur de l’agri-business ainsi que trois coopératives agricoles sont maintenant regroupés au sein de FIVAGRI. Quatre organismes internationaux, à savoir le PNUD via le PAM et le FAO, le PIC et l’USAID via CLUSA s’intéressent à ce projet. Ils ont déjà entamé une réunion à plusieurs reprises avec ces promoteurs concernant sa mise en œuvre. « Le FIVAGRI prévoit d’acheter quelques milliers de tonnes de pois du cap auprès des coopératives à l’issue de la première campagne de récolte en 2016. Par contre, les retombées économiques du social business se font sentir à partir de 2017. Le PAM se positionne déjà de s’approvisionner directement auprès des paysans afin de lutter contre le kere dans le Sud. Quant à la surproduction, des opérateurs réunionnais s’engagent également à acheter en collaborant avec le FIVAGRI pour promouvoir ensemble le label Océan Indien et par la suite, reconquérir le marché européen, et ce, dans le cadre du système inclusif et durable. En fait, la résolution du problème social ne relève pas uniquement de la compétence de l’Etat ou des ONG, nous, le secteur privé, devons également contribuer en anticipant toutes les actions pour éviter que cela devienne une menace dans le pays », a-t-il conclu.
Navalona R.