
Plusieurs conditions préalables s’imposent pour permettre le décollage économique, selon le CREM (Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar). Un document sur les résolutions du Forum Economique National a été publié par cette organisation.
La politique économique à Madagascar est incohérente à l’ambition d’autosuffisance alimentaire. La croissance démographique n’est pas proportionnelle à celle de la force productive, et la majorité des paysans est loin de réussir à nourrir la population entière. C’est ce qu’a évoqué le CREM, dans son Mémorandum établi à la suite du Forum Economique National 2018. En effet, l’importation de denrées alimentaires occupe une place prépondérante dans la balance commerciale. « 46,37 % des importations sont constituées d’aliments et des biens de consommation. Pour le cas du riz, l’importation s’élève à plus de 200 000 tonnes. Ces indicateurs montrent la nécessité de promouvoir l’Agribusiness, non seulement pour un objectif d’autosuffisance alimentaire, mais surtout pour le décollage économique de Madagascar, sachant que l’Agribusiness touche plusieurs secteurs de l’économie. Sitôt, la mise en œuvre d’un processus de transformation rurale semble nécessaire pour accroître la valeur économique des produits de base agricoles, et pour créer des perspectives d’emploi non agricole dans des domaines tels que la transformation après récolte, la logistique, la finance, la commercialisation et la gestion de la qualité », a affirmé le PCA du CREM, Rado Ratobisaona.
Croissance. L’importance de l’agribusiness pour la croissance économique n’est plus à démontrer, comme il s’agit d’un investissement productif et commercial du secteur agricole. De la sorte, il constitue une trajectoire alternative valorisant les ressources naturelles afin d’accélérer une croissance économique à long terme, d’après les explications du CREM. « En apportant de la valeur ajoutée aux produits de base agricole, l’agribusiness générera des emplois rehaussera les revenus ruraux ; réduira les pertes post-récolte ainsi que la volatilité des prix. En outre, cela contribuera à stimuler la croissance dans d’autres secteurs, à créer des effets d’entraînement, et à élargir les marchés », a indiqué l’organisation dans son rapport. D’après ses propos, l’agribusiness représente un important vecteur de développement économique, grâce la création des chaînes de valeurs hautement productives et rentables, ainsi que l’établissement d’un lien entre les producteurs et les marchés. L’agriculture peut également avoir des retombées socioéconomiques spectaculaires, et peut réduire la faim et la pauvreté. Un appui à l’agribusiness, qui comprend un soutien à l’ensemble des activités allant de la production à la commercialisation, devrait donc permettre de contribuer à la croissance économique.
Décollage. Malgré les programmes de promotion du secteur agricole, qui se sont succédé depuis l’indépendance, le secteur primaire de Madagascar reste peu développé. Le manque de compétence des agriculteurs Malgaches en matière d’innovation technique est également constaté. « Il y a une manque de vision stratégique pour le secteur et la faiblesse du soutien au développement des chaînes de valeurs. Cela s’accompagne d’une faiblesse de la sécurisation en milieu rural, de l’insuffisance des ressources qui sont par la suite mal alloués dans les sous-secteurs, de l’absence d’encadrement de proximité, de la défaillance de la structure en place et d’un défaut d’intégration locale sociale et économique », a noté le CREM. Par ailleurs, le renforcement de la résilience des agriculteurs aux aléas climatiques reste un grand défi à relever. Pour les participants du Forum, le développement de l’agribusiness nécessite la définition d’une vision stratégique adaptée pour l’agribusiness, une chaîne intégrée pour une production en régie, un interventionnisme modéré pour réguler le marché dans l’optique du développement du secteur, une sécurisation foncière assurée pour les paysans, une promotion de l’agriculture contractuelle et la promotion des plateformes de chaînes de valeurs.
Antsa R.