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lundi, juillet 14, 2025
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Agriculture et sécurité alimentaire : La chenille légionnaire d’automne, une épée de Damoclès pour l’agriculture locale

Les dégâts causés par la chenille légionnaire d’automne.

Les organismes nuisibles sont à l’origine de pertes importantes sur les récoltes, compromettant la sécurité alimentaire dans certaines régions du globe. La chenille légionnaire d’automne en fait partie, dévastant jusqu’à plus de 70% des récoltes des champs de maïs dont dépend la sécurité alimentaire de plus de 200 millions d’Africains.

La présence de la chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda) est déjà confirmée dans une trentaine de pays d’Afrique depuis 2016 où sa présence a été signalée en Afrique occidentale : Nigéria, Sao Tomé-et-Principe, Togo, Bénin. Depuis, elle n’a cessé de se propager en sévissant début 2017 dans une vingtaine de pays africains : Angola, Botswana, Burundi, Côte d’Ivoire, RDC (République démocratique du Congo), Éthiopie, Ghana , Kenya, Malawi, Mozambique, Namibie, Niger, Rwanda, Sierra Leone, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe. Les récoltes – principalement de maïs, mais l’insecte se nourrit aussi de blé, de riz, de sorgho, aliments de base en Afrique australe – ont été détruites massivement en quelques mois. La légionnaire d’automne (« automne » fait référence aux habitudes alimentaires de cette chenille originaire d’Amérique où c’est en automne qu’elle fait le plus de ravages) peut causer jusqu’à 70% de pertes de récoltes.

Danger permanent. Pour l’instant, Madagascar semble être épargnée, sa présence dans la Grande Ile n’ayant pas encore été signalée, du moins, officiellement. Elle est, cependant, une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, car le danger est permanent. Une éventuelle introduction de cette espèce pourrait s’avérer dévastatrice pour l’agriculture locale, déjà soumise à diverses pressions. En effet, l’ennemi est plutôt coriace. Les pesticides habituellement utilisés pour d’autres insectes nuisibles sont inefficaces sur cette espèce. Les pesticides qui permettent de l’éliminer ne sont efficaces que lorsque les larves sont encore très petites et qu’elles n’ont pas encore causé de dommages visibles sur les plantes. Après cela, il n’y a plus grand-chose à espérer. Les œufs, regroupés et recouverts d’écailles, rend difficile le traitement. Au stade larvaire, la légionnaire d’automne est déjà d’une nuisance extrême. Une fois devenue papillon, elle l’est davantage car peut voler au-delà de 100 km et se reproduit à grande vitesse, d’où les ravages extrêmement importantes qu’elle occasionne.

Prix mondial de l’alimentation. Afin de lutter contre cet ennemi redoutable qui compromet la sécurité alimentaire en Afrique, plusieurs pays se sont déjà concertés pour lutter contre le fléau, avec la participation d’organismes œuvrant dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, notamment la FAO. Cette semaine, trois experts parmi les plus reconnus au monde en matière d’agriculture, et ayant déjà remporté le Prix mondial de l’alimentation, se sont exprimés en lançant un appel à une action concertée, rapide et à grande échelle pour lutter efficacement contre la légionnaire d’automne. Le président de la Banque africaine de Développement (BAD), Adesina Akinwumi, à qui est attribué le Prix mondial de l’alimentation 2017, remis avant-hier à Des Moines, capitale de l’Iowa, aux Etats-Unis, a déclaré : « Le légionnaire est un danger manifeste et bien réel… Nous avons besoin de mesures urgentes pour soutenir l’Afrique, afin de vite éradiquer cette vraie menace à sa sécurité alimentaire ». Pour sa part, le lauréat du Prix mondial de l’alimentation en 2013, Robert Fraley, vice-président exécutif et directeur de la technologie chez Monsanto (entreprise américaine spécialisée dans la biotechnologie agricole), a souligné que la possibilité de riposte existe dans la mesure où la légionnaire d’automne est présente depuis longtemps en Amérique du Nord et que des scientifiques et producteurs ont réussi à endiguer sa propagation. « Nous avons les stratégies pour détecter l’insecte très tôt, pour arrêter sa propagation et pour identifier les variétés de cultures qui lui résistent le mieux. Les organismes qui luttent contre la faim dans le monde doivent investir les ressources nécessaires pour le faire », a-t-il lancé. Pedro Sanchez, pédologue au « Institute of Food and Agricultural Sciences » de l’Université de Floride et lauréat 2002 du Prix mondial de l’alimentation, a quant à lui avancé que « stopper l’avancée du légionnaire d’automne est l’objectif suprême auquel nous pouvons dédier le Dialogue de Borlaug de cette année ». Le « Dialogue de Borlaug » est le symposium qui se tient à l’occasion de la remise du Prix mondial de l’alimentation. Lauréat du prix Nobel de la paix en 1970 et créateur du Prix mondial de l’alimentation, Norman Borlaug est connu pour avoir mis à profit les progrès accomplis dans l’agriculture et ainsi sauvé un milliard de vies humaines.

Recueillis par Hanitra R.

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