- Publicité -
mercredi, septembre 3, 2025
- Publicité -
AccueilEconomieAgriculture : Part du PIB en recul, malgré le potentiel immense

Agriculture : Part du PIB en recul, malgré le potentiel immense

Les exploitations restent de petite taille et la mécanisation progresse lentement, freinant le développement agricole.

L’agriculture a toujours occupé une place centrale dans l’économie malgache. Pourtant, son poids relatif dans la création de richesses ne cesse de diminuer, selon les données publiées par la Banque mondiale.

Dans les années 1990, elle représentait plus du tiers du produit intérieur brut. Aujourd’hui, selon les données de la Banque mondiale, elle ne contribue plus qu’à un peu plus de 22 % du Produit intérieur brut (PIB), un chiffre qui illustre la tendance de long terme à la baisse, même si en valeur absolue la production n’a pas disparu. Cette évolution traduit un paradoxe : un pays doté d’un potentiel agricole exceptionnel voit ce secteur perdre progressivement de son importance dans la richesse nationale. Cette baisse relative est d’autant plus surprenante que Madagascar est reconnu comme un pays à vocation agricole. Ses vastes terres arables, ses climats diversifiés et ses filières de rente, qu’il s’agisse de la vanille, du cacao, du girofle ou du litchi, lui confèrent des avantages comparatifs rares dans la région. La majorité de la population continue d’ailleurs à vivre directement de l’agriculture, que ce soit pour l’autoconsommation ou pour des cultures destinées à l’export. Pourtant, le dynamisme attendu n’est pas au rendez-vous, et la part de l’agriculture dans la richesse nationale s’effrite au fil des décennies.

Système archaïque

Plusieurs raisons expliquent cette évolution. La productivité agricole reste faible, car la plupart des exploitations sont de petite taille, souvent inférieures à un hectare et demi, et ne disposent ni des moyens de mécanisation ni d’un accès suffisant aux intrants et à l’irrigation. Cette fragilité structurelle rend la production extrêmement dépendante des aléas climatiques. Les cyclones, sécheresses ou invasions acridiennes peuvent anéantir en quelques jours les efforts d’une année entière, accentuant la vulnérabilité du secteur. L’instabilité des prix mondiaux des produits de rente, notamment la vanille, ajoute à cette incertitude et fragilise davantage la capacité des producteurs à planifier leurs revenus. La baisse relative du poids de l’agriculture dans le PIB résulte aussi d’un effet d’optique : les autres secteurs, en particulier les services et certaines industries extractives, connaissent une croissance plus rapide. Le recul de l’agriculture dans les statistiques ne signifie donc pas qu’elle s’effondre, mais plutôt qu’elle progresse moins vite que le reste de l’économie. Néanmoins, ce phénomène est préoccupant dans un pays où près de 8 personnes sur 10 travaillent encore directement dans ce secteur et où l’insécurité alimentaire demeure une réalité pour une large partie de la population.

Inefficace

Ce contraste entre potentiel et stagnation révèle l’urgence d’une modernisation agricole. Le pays ne manque pas d’atouts pour relever ce défi. La Grande-île dispose d’une main-d’œuvre jeune et nombreuse, d’une biodiversité unique et d’une tradition agricole bien ancrée. Il faut noter que durant des décennies, des fonds colossaux ont été alloués pour le développement agricole, mais les investissements n’ont pas apporté les impacts attendus.  Selon les techniciens, pour que l’agriculture redevienne un moteur de croissance, il faudra accroître la productivité, améliorer les infrastructures rurales, sécuriser l’accès à la terre et développer la transformation locale. Sans un tel effort, le risque que Madagascar reste prisonnier du paradoxe du pays à vocation agricole qui ne parvient pas à tirer pleinement parti de ses ressources et à assurer une autosuffisance alimentaire est grand. Bref, l’enjeu dépasse la simple contribution au PIB. Il touche directement à la lutte contre la pauvreté, à la sécurité alimentaire et à l’avenir des millions de familles rurales qui vivent encore de la terre.

Antsa R.

- Publicité -
Suivez nous
414,384FansJ'aime
12,533SuiveursSuivre
1,820AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici