Avant, les parents inculquaient à leurs enfants de mettre un point d’honneur, celui de collecter des bons points. Des petites fiches cartonnées où était marqué seulement « Bon point ». Les maîtresses les distribuaient parce que soit on écrivait bien comme un artiste peintre, soit on lisait bien sans s’interrompre et avec une diction d’acteur ou simplement quand on n’était pas dissipé mais se tenait « sage comme une image », disait-on. Puis vinrent les temps des tableaux d’honneur, les premiers diplômes, un morceau de papier de plus grande taille que les bons points mais faisait, quoi, juste un quart de page du standard A4, mais attention les « tableaux d’honneur » étaient illustrés de frises (ces bandes fleuries continues) comme les diplômes des grands qu’on affichait aux murs du salon familial. On les gardait pour les montrer fièrement à ses parents et surtout aux membres de la famille de passage à la maison. Comparés aux « Bons Points » les « Tableaux d’honneur » signifiaient que l’on assimilait déjà des « savoirs » étalonnés de notations de 0 à 20, échelle de valeurs déjà bien comprise. Mais le nec le plus ultra était les « Félicitations », obtenues aux examens périodiques, malheureusement, elles étaient en symbole, inversement proportionnelles aux « Bons Points » et aux « Tableaux d’Honneur », puisqu’elles se réduisaient seulement à une annotation manuscrite en bas du relevé de notes. Voilà pourquoi peut-être étaient-elles devenues moins alléchantes ?
Puis à pas de géant, nous voici dans le monde des adultes, on a beau avoir 45, 50 ou 60 ans mais le principe du « Bon Point » motive autant qu’avant, seulement le besoin a changé de nature. La récompense (voilà le grand mot !) ne fait pas suite immédiate aux résultats de l’effort mais fait appel à la notion du « Service accompli » pas pour soi-même mais pour l’Etat. Le chemin à parcourir est encore long et les obstacles nombreux puisqu’il faut obtenir la distinction de chevalier ; d’officier ; de Commandeur ; de Grand-Officier ; de Grand-Croix de 2è classe pour enfin décrocher le Graal « Le Grand-Croix de 1ère Classe » réservé uniquement aux Chefs d’Etat, les Chefs de Gouvernement et le Grand Chancelier. Avis aux petits dignitaires titulaires de « Bon Point », qu’ils sachent que les plus hautes distinctions ne s’obtiennent pas facilement car les critères d’obtention sont nébuleux pour le commun des mortels. Il semble que pour les obtenir, il faut avoir arpenté les allées du pouvoir, chose qui n’est pas à la portée de tout le monde. Mais d’ores et déjà, il faut apprendre aux petits le sens de la camaraderie, car à bien observer les membres de l’Ordre, il semble qu’ils se connaissent bien.
M.Ranarivao