
Le secteur privé malagasy subit les conséquences destructrices de la pandémie de Covid-19. Des milliers d’emplois sont perdus et les travailleurs vivent dans des conditions de précarité. Des groupements d’entreprises se mobilisent pour aider les plus vulnérables.
Selon les dernières statistiques fournies par l’Institut National de la Statistique, environ 100.000 salariés du secteur privé ont été mis au chômage technique ou licenciés depuis le début de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 à Madagascar. Rapportés hier par le Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), ces chiffres démontrent à quel point cette pandémie a impacté sur le secteur privé qui figure pourtant, parmi les éléments-clé de l’économie.
Place importante. « Ces 100.000 salariés représentent à eux-seuls, 17% de l’emploi à Madagascar », a précisé Thierry Rajaona, Président du GEM, dans le discours qu’il a prononcé durant la cérémonie de remise du pack dénommé « Firaisankinan’ny Orinasa », laquelle s’est déroulée hier ,dans les locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Antananarivo. Une manière de dire que les salariés détiennent une place importante, non seulement pour l’entreprise en particulier, mais pour l’économie en général. Ces salariés sont effectivement de potentiels consommateurs qui font tourner l’économie. Raison pour laquelle d’ailleurs, cette crise sanitaire aura été une occasion exceptionnelle d’adopter une nouvelle vision de l’entrepreneuriat. Celle de la nécessité absolue de mettre en valeur les ressources humaines au sein de l’entreprise. C’est justement dans cette perspective que le GEM soutient le renforcement du dialogue social qui devrait déboucher sur la mise en place d’un nouveau contrat social plus focalisé sur les ressources humaines, qui, en tant que piliers du développement des entreprises, méritent un meilleur traitement social et sanitaire. Une idée soutenue par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui sont les partenaires du GEM dans cette opération « Basket Fund » qui fera office de bouffée d’oxygène pour les travailleurs les plus vulnérables du secteur privé.
300 millions d’ariary. Mis en place au mois de juin, le Basket Fund est alimenté par les contributions des entreprises et des groupements membres. Il s’agit d’un appui destiné aux travailleurs mis au chômage technique ou licenciés. Depuis son lancement officiel le 1er juin 2020, l’opération a collecté plus de 300 millions d’ariary en numéraire, ainsi que des dons en nature pour la constitution d’un pack dénommé « Firaisankinan’ny Orinasa », ou solidarité des entreprises. L’opération a également permis l’acquisition et la mise à disposition de 8 respirateurs au profit des travailleurs et leur famille dans 4 centres hospitaliers d’Antananarivo et en province. Lors de cette première phase de l’opération, 52 entreprises d’Antananarivo et des provinces ont déclaré avoir procédé à une mise au chômage technique ou à un licenciement économique. Sur les 4.701 déclarés, près de 2.000 travailleurs sélectionnés selon des critères de vulnérabilité préétablis vont bénéficier du pack à raison de 100.000 ariary par ménage, assorti d’un panier garni pour les 1.000 travailleurs les plus pauvres d’entre eux. Les critères d’éligibilité pour cette première opération sont notamment, le niveau bas des salaires, la durée de mise au chômage technique, le genre, la situation de handicap ou encore la situation de famille nombreuse. L’aide financière sera envoyée aux bénéficiaires par mobile money et des points de distribution des dons en nature seront mis en place auprès de quelques entreprises. Cette opération Basket Fund a été mise en place avec la collaboration de l’OIT et du PAM.
R.Edmond.