Pour une fois la Banque mondiale n’a pas fait pas dans la dentelle. Par la voix de sa représentante à Madagascar, on a eu droit à un discours dépourvu de démagogie et de langue de bois. Elle ne peut être plus claire en disant qu’entre allouer des subventions à la Jirama ou payer les enseignants aux fins fonds de la brousse, il n’y a pas à hésiter. Seuls 14% des malgaches bénéficient tant bien que mal des services de la société d’électricité alors que ne pas payer les maîtres d’école hypothèque l’avenir de millions d’enfants. Dans ce choix courageux, elle a félicité le ministre des Finances. Vlan sur le bec des politiciens promptes à promettre la lune pour résoudre les délestages et remettre en douce, après des milliards des contribuables à la société d’Etat. Les parents d’élèves d’Ambohimalaza (à 45 km d’Ambovombe) ne viendraient jamais brandir des pancartes à Ambohitsorohitra pour clamer leur indignation, tandis que couper une journée le courant dans la capitale équivaut à déclencher le détonateur d’une bombe qui va ébranler voire faire voler en éclats le pouvoir. Une leçon pour nous, dans la politique de redistribution des ressources, si l’on veut un vrai développement, il doit être harmonieux. Bagatelles et futilités doivent être exclues des priorités, dans l’esprit de la banquière, organiser avec faste le Sommet de la Francophonie en fait partie. Cette peur bleue des gens des villes des tenants du pouvoir est présente de tout temps. Prenons l’exemple du prix du riz, si ce dernier augmente alors les paysans ne peuvent que s’en féliciter, mais les technocrates de service vont vite en importer en masse pour le faire baisser, sinon il y aura une révolte urbaine. Les ruraux sont toujours acquis aux votes quoiqu’il arrive, tandis que les citadins on ne peut les mener en bateau. Si lesdits « Partenaires Techniques et Financiers » disaient toujours à haute voix toutes les gabegies, les gouvernants seraient peut être moins loquaces dans les discours sur les « zava-bita » qui sont la plupart du temps des sornettes. Mais peut-être aussi qu’une transparence dans le choix des priorités aura comme effet la compréhension et, pourquoi pas, l’adhésion de tous les Malgaches (en ville comme à la campagne). Que nos dirigeants revoient leurs classiques dont les fables de la Fontaine, notamment Le rat des villes et le rat des champs qui se termine ainsi : « Fi du plaisir/Que la crainte peut corrompre ».
M.Ranarivao