
Les grévistes ont franchi le Rubicon. Une nouvelle escalade dans la guerre retranchée entre l’Administration d’Air Madagascar et les grévistes. D’une part, ces derniers prônent haut et fort l’apaisement ; mais d’autre part, ils intensifient leurs grèves.
Aucune liaison n’a pu être assurée hier, suite au refus de réquisition des employés grévistes. Les passagers et le secteur du tourisme continuent de payer un lourd tribut dans cette situation. A la sortie de la session de médiation d’hier, les grévistes ont déclaré à travers leur porte-parole et avocat Me Willy Razafinjatovo, dit Olala, qu’ « ils (les grévistes) ne pouvaient être contraints de travailler par le biais de la réquisition. » Dans la mêlée, l’évacuation sanitaire d’un nourrisson, de Mahajanga vers la Réunion, prévue samedi dernier a dû être reportée à plusieurs reprises. Aux dernières nouvelles, l’enfant a dû emprunter la voie terrestre pour rallier Antananarivo, de là il prendra un vol d’une autre compagnie pour La Réunion. Les grévistes ne veulent rien lâcher, faisant fi de toutes les valeurs aussi bien morales que professionnelles, outrepassant l’éthique et la déontologie de leur métier, considérant que cette manifestation est le seul moyen de pression contre les dirigeants de la compagnie.
Camouflet. Avant-hier, les passagers du vol d’Air Mauritius ont eu la désagréable surprise de se voir bloqués pendant deux heures dans l’appareil pour la simple et bonne raison que les agents au sol ont refusé de déployer l’escalier d’accès permettant aux passagers de désembarquer. Rappelons qu’Air Madagascar assiste techniquement toutes les compagnies desservant les aéroports de Madagascar. Cet acte de défiance pourrait être considéré comme un camouflet pour Madagascar, réputé pour la qualité légendaire de son accueil. Il faut croire que les incidents qui se succèdent sont aux antipodes de « l’apaisement » prôné par les grévistes menés par l’Officier pilote Rado Rabarilala, qui ont tout de même participé au processus de médiation à l’inspection du travail. Une médiation qui se poursuivra encore ce jour. Assurément, les impacts sur le secteur du tourisme sont irréversibles dans la situation actuelle. Rien que pour la compagnie nationale, les pertes par jour de grève sont évaluées à 500 000 USD, soit 1,5 milliards d’Ariary. L’on sait que l’île Maurice est à l’affut de toutes brèches dans ce secteur. Dans le vol d’Air Mauritius, son DG et les CEO des autres compagnies aériennes des îles sœurs ont été parmi les victimes de la cessation de travail des employés de la compagnie nationale. Une bien mauvaise nouvelle pour Madagascar à l’aune de la signature de l’« Alliance Vanille ».
Antsa R.