La compagnie nationale aérienne recherche actuellement un partenaire stratégique en vue de sa relance. Autrement dit, une partie de ses actions sera vendues
La pilule sera amère, mais les employés d’Air Madagascar vont devoir l’avaler pour le redressement de la compagnie. Le plan de redressement présenté hier au cours d’une assemblée générale prévoit une batterie de mesures dont certaines sont tout simplement impopulaires. A commencer par la suppression d’au moins 400 postes. « Les postes à supprimer concernent les contrats à durée déterminée, qui arrivent à leur terme, ainsi que les emplois temporaires » a expliqué, hier, Gilles Filiatreault, le D.G d’Air Madagascar au cours d’une conférence de presse. Autrement dit, les contrats à durée indéterminée ne seront pas touchés par cette mesure. Une mesure qui s’impose, puisque Air Madagascar se trouve actuellement dans une situation d’extrême sureffectif. En effet, pour une petite flotte de 7 avions, la compagnie compte actuellement 1400 employés. Ce qui fait en moyenne 200 personnes par avion. En tout cas, après cette mesure d’assainissement, la compagnie comptera donc environ 1 000 employés.
Sous-exploitée. Mais il n’y a pas que le sureffectif qui mine Air Madagascar. Sa flotte qui est déjà très maigre demeure encore sous-exploitée. La norme pour un Airbus A 340 est par exemple de 14 heures de vol par jour, alors que pour Air Madagascar, ce type d’avion effectue en moyenne 9 heures de vols par jour. Même topo pour le Boeing 737-800 récemment acquis qui doit voler entre 10 et 12 heures par jour, alors que dans la réalité cet appareil effectue seulement en moyenne 5 heures de vol par jour. Bref, Air Madagascar n’opère pas à pleine capacité et engendre ainsi chaque année énormément de pertes. Pour ne citer que le cas des 2 Airbus achetés durant la période transitoire et qui ont provoqué chaque année énormément de pertes pour la compagnie. Selon Gilles Filiatreault, la valeur actuelle de ces deux avions ne représente plus qu’environ 52% de leur valeur marchande. En une année, l’exploitation de ces deux appareils a engendré une perte de 18 millions de dollars dont 11 millions de dollars sur la destination Europe et 7 millions de dollars sur l’Asie.
Dettes. Enormément de difficultés, en somme pour Air Madagascar qui accumule actuellement les dettes. Selon les précisions de Gilles Filiatreault, les dettes à court terme de la compagnie se chiffraient à 35 millions de dollars en juin 2015. Actuellement, le niveau des dettes a encore augmenté pour atteindre les 76 millions USD. Une situation qui ne fait, pour autant pas, baisser les bras des dirigeants de la compagnie et de l’Etat actionnaire majoritaire. Le plan de redressement d’Air Madagascar est maintenant bien ficelé et les actions sont déjà en cours. A commencer par les négociations avec des partenaires commerciaux comme Air France par exemple, pour rentabiliser la ligne Europe. Pour le réseau Asie, des pourparlers sont en cours avec Air Austral pour continuer le vol Tanà-Saint-Denis-Guangzhou. Une grande compagnie aérienne chinoise est également en lice pour une exploitation de la ligne Asie avec Air Madagascar.
Partenaire stratégique. Pour le long terme, la solution envisagée est la recherche d’un partenaire stratégique. En terme plus simple, il s’agira de vendre à des compagnies aériennes majeures, une partie des actions d’Air Madagascar dont 89% sont actuellement détenues par l’Etat. Selon Gilles Filiatreault, la meilleure option est de faire en sorte que l’Etat reste l’actionnaire majoritaire. Mais cela dépendra évidemment des négociations avec les potentiels partenaires stratégiques. Les grandes compagnies arabes comme Etihad, Qatar Airways et Emirates seraient intéressées par cette reprise d’Air Madagascar. Espérons que les négociateurs de cette vente seront à la hauteur pour défendre au mieux les intérêts du pays.
R.Edmond.