Des passagers énervés et passablement dépités du fait des agissements d’une frange du personnel. Sur les 5 vols Air Madagascar prévus hier, tous ont été annulés. Tel a été le bilan de la journée d’hier, découlant de la grève jugée illicite par le ministère du Travail et des Lois Sociales.
La haute saison risque d’être sacrifiée ! Les frondeurs, avec à sa tête l’officier pilote – et non commandant, d’après les précisions – Rado Rabarilala, entendent durcir la grève, d’ici les prochains jours. Le mouvement a été jugé illégal par le ministère du Travail et des Lois sociales qui a officiellement statué hier dans une missive officielle signée par le ministre. La lettre rappelle les dispositions en vigueur notamment l’article 216 du code du travail. « Dans le monde professionnel, la grève devrait être l’ultime recours pour dénouer un blocage spécifique. Dans ce cas d’Air Madagascar, elle a été utilisée pour prendre en otage les instances dirigeantes et une grande partie des employés qui n’adhèrent pas au mouvement », a-t-on lu dans la lettre officielle. Par ailleurs, dans tout conflit social en gestation, la liberté individuelle et professionnelle de tout un chacun doit être impérativement respectée ; ce qui n’aurait pas été le cas jusqu’à présent, a indiqué le ministre de la Fonction Publique, du Travail et des Lois sociales. En effet, accusés d’avoir commis de fautes lourdes, quatre parmi les meneurs de grève ayant initié l’arrêt de travail ont été notifiés par un huissier, qu’ils ne sont plus désormais membres du personnel de la Compagnie nationale.
Effets d’entraînement. Les perturbations d’hier ont occasionné d’énormes gênes pour les passagers venus à l’aéroport. Une opératrice économique a témoigné : « Mon vol pour Bangkok a été prévu pour 17 heures. Il a été annulé. Ce mouvement social est un véritable coup dur notamment pour les acteurs du monde économique ». Air Madagascar a néanmoins préalablement pris des dispositions par rapport aux retards ou aux reports de vols. Parmi les dispositifs déployés figurent, entre autres, l’assistance des passagers ou la réquisition d’une partie du personnel. A l’orée de la haute saison qui se profile, c’est toute une partie de l’économie malgache qui est en péril. 15 % du PIB malgache sont issus du tourisme, et pour la compagnie Air Madagascar, chaque jour de grève occasionne déjà une perte de près de 500 000 USD, sans oublier que la compagnie réalise 60 % de son chiffre d’affaires annuel durant la période de la haute saison. Hier, ce sont toutes les activités de l’aéroport d’Ivato qui ont été suspendues. Même les vols des autres compagnies comme celui de Corsair sont également suspendus et attendent la reprise des activités. Les mutins seraient-ils prêts à risquer à prendre en otage l’économie malgache ?
Antsa R.
