
L’efficacité de la protection des ressources naturelles en partenariat avec les communautés locales n’est plus à démontrer. Cependant, des limites apparaissent aujourd’hui au niveau de l’application du « Dina ».
L’adhésion des communautés locales à la protection des aires protégées est indispensable, d’après Yacynthe Razafimandimby, coordinateur de Conservation International dans la région Diana. En effet, l’efficacité de la gestion durable des ressources marines dans la baie d’Ambodivahibe, Antsiranana2, a déjà été confirmée par les résultats de la pêche aux poulpes, avec des produits multipliés par 8, pour les pêcheurs. « Au début de la mise en place de la réglementation vers 2009, nous n’avions eu que 600 kilos de poulpes, au plus. Aujourd’hui, à l’ouverture de la saison de pêche, nous avons obtenu 4,5 tonnes à Ambodivahibe. Ce résultat aurait dû être meilleur, mais des braconniers se sont introduits dans la zone protégée, en période de reproduction, alors que la pêche était interdite », a confié Jean Claude, président de l’association des pêcheurs sur les lieux. Même si la plupart des pêcheurs reconnaissent aujourd’hui la nécessité de la protection et de la gestion durable des ressources, tout le monde n’y adhère pas encore.
Dina. Des réglementations locales ou « Dina » ont été mises en place, dans le cadre de la gestion durable des ressources marines. Les personnes surprises en train de pêcher en période de fermeture de la zone de pêche à Ambodivahibe peuvent encourir jusqu’à des paiements de 300 000 Ariary d’amende, ce qui représente près de trois mois de salaire pour un paysan, mais cela ne décourage point les braconniers qui ne vivent pourtant pas loin de la zone en question. « La plupart de ces malfaiteurs viennent des Fokontany voisins. Dès fois, ils refusent carrément de payer les amendes qu’on leurs impose. Normalement, l’affaire doit être portée au Tribunal, car notre Dina est légiféré par la Justice. Mais comme on est une petite communauté, on se connaît tous, cela rend difficile le recours au tribunal, même si cela arrive rarement », a affirmé le président de l’association des pêcheurs. Afin d’intensifier la protection, Conservation International, qui mène aujourd’hui les démarches pour faire d’Ambodivahibe une aire protégée définitive, a octroyé des équipements aux patrouilleurs.
Pilote. Ambodivahibe aura bientôt le statut de protection définitive, d’après Conservation International. Sur les 3 9794 ha d’aire protégée, 12 % constitueront le noyau dur ou réserve marine permanente. Selon le coordinateur Yacynthe Razafimandimby, la baie d’Ambodivahibe est un vrai refuge climatique, grâce au refroidissement par les points profonds de la zone qui atteignent jusqu’à 200 m. Mais la protection d’Ambodivahibe n’est qu’un projet pilote. Conservation International pense étendre ses interventions sur tout le littoral jusque dans le sud-est de la Grande-île, qui possède également des potentialités en refuge pour les espèces marines menacées.
Antsa R.