Ayant opté pour la politique du silence depuis un certain temps, le président national du Club Développement Ethique (CDE) fait son « come-back ».Interview.
Midi Madagasikara : Pourquoi êtes-vous décidé de revenir sur la scène médiatique maintenant ?
Albain Rabemananjara : « Effectivement. En tant que président national du Club Développement Ethique, je me suis retiré de la vie publique, pendant un certain moment et ce pour diverses raisons. Certes, je me suis abstenu de la scène publique, mais j’ai toujours suivi avec une attention particulière l’évolution de la vie politique dans le pays. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts pendant ces quatre années de règne du nouveau régime lequel a été érigé après le verdict des urnes en 2013. Au lendemain des élections de 2013, tous les Malgaches ont espéré un avenir meilleur par rapport au passé tumultueux qu’avait vécu le pays pendant plusieurs décennies entières. On espérait qu’une chance est finalement donnée au pays pour qu’il se mette sur les rails d’un réel développement et d’en finir avec les crises. Pourtant, en l’état actuel des choses, Madagascar semble s’éloigner davantage du bout du tunnel de la pauvreté ».
M.M : Comment appréciez-vous la situation politique actuelle ?
A.R : « L’atmosphère politique commence à se détériorer. A quelques mois de la prochaine présidentielle, la tension monte déjà au niveau des états-majors politiques pour annoncer les premiers signes d’une probable crise. Or, une nouvelle crise sera catastrophique pour le pays, pour son économie et son peuple. Et la volonté du régime de changer les règles du jeu électoral à l’approche des échéances ne fait qu’attiser cette tension qui risque d’être explosive. Or, le pays n’a plus intérêt à revivre les conséquences néfastes des crises comme il avait vécu en 1972, 1991, 2002, ou 2009. Il est alors temps que le pays et le peuple malgache pensent à éradiquer ces crises qui vont certainement leur coûter cher ».
M.M : Qu’est-ce que vous avancez alors comme solution ?
A.R : « Nous avons toujours défendu les valeurs réelles d’une vraie réconciliation nationale. Et je réitère encore ici que le pays ne peut pas échapper (et surtout pas maintenant) à cette réconciliation nationale pour pouvoir fonder un socle solide d’un réel développement. Une nouvelle occasion nous est offerte par l’histoire pour mettre en œuvre ce processus. Il faut de la volonté pour éviter de nouvelles crises et penser réellement à l’avenir des millions de Malgaches qui vivent sur nos terres. Si le processus de réconciliation nationale n’aboutit pas à sa logique finale, un réel développement reste un mirage ».
M.M : Quid du processus de réconciliation déjà en cours ?
A.R : « La volonté est plus que louable. Mais une réconciliation nationale ne se décrète pas. C’est un processus tout entier dans lequel toutes les parties prenantes de la vie publique devraient prendre part. Et toute velléité d’écarter ou d’ignorer certains acteurs de la vie publique ne fait que remplir les conditions nécessaires pour faire échouer le processus. Maintenant, si des voix commencent à s’élever pour contester le processus que le régime veut mettre en œuvre, c’est que celui-ci devrait réfléchir profondément sur sa crédibilité. Sinon une telle démarche est vouée à l’échec. Et il n’est aucunement nécessaire d’opter pour le forcing. »
Propos recueillis par Davis R