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dimanche, décembre 22, 2024
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Ambassadeur iranien : « Les malgaches méritent une vie meilleure »

Hassan Ali Bakhshi regrette que certains aspects de la coopération bilatérale traînent.

Il entame sa quatrième année en tant qu’ambassadeur de la République islamique d’Iran à Madagascar. Hassan Ali Bakhshi, en fin connaisseur de l’Afrique après y avoirpassé une trentaine d’années en tant que diplomate dans plusieurs pays du continent, affirme que cette mentalité du « moramora » à la malgache ralentit le développement du pays, qui pourtant, selon lui, bénéficie de plusieurs réelles potentialités qui peuvent booster son économie. Entretien.

Midi Madagasikara : Vous êtes venu à Madagascar pour fermer définitivement l’ambassade iranienne dans le pays. Pourtant, jusqu’à présent, vous êtes toujours là en train de travailler. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Hassan Ali Bakhshi : Je suis venu à Madagascar en novembre 2019. Je suis venu avec une mission très précise : fermer l’ambassade et rentrer après. C’est un peu bizarre mais je peux vous dire que je suis en Afrique depuis 30 ans et je devais aller ailleurs pour être ambassadeur, comme j’étais ambassadeur dans plusieurs pays. Et on m’a dit d’aller à Madagascar et de fermer. Et j’ai posé la question à mon gouvernement pourquoi on devrait procéder ainsi ? Et on m’a répondu qu’on a décidé en conseil des ministres pour la fermeture définitive de l’ambassade. Et ça m’a étonné car nous faisons partie de cette génération qui défend le développement de l’Afrique. Donc je suis arrivé ici pour voir la situation. J’ai trouvé qu’il y a deux raisons. D’abord, on avait un terrain qui avait été volé par un expatrié ; et le dossier circulait depuis trente années. Aussi, je me suis aperçu qu’il n’y avait pas de visibilité dans la coopération entre les deux pays. C’est ça qui a amené à l’idée de la décision de la fermeture.Mais quand je suis arrivé ici, je trouve que ce n’est pas normal parce que Madagascar est un grand pays qui a beaucoup de potentialités. Auparavant, surtout sous le gouvernement du président feu Ratsiraka, on a entamé beaucoup de choses. Donc, j’ai envoyé un rapport à mon gouvernement dans lequel, moi, j’ai explicitement dit que je me suis opposé à cette décision de fermeture. Rapidement, j’ai réglé le problème de terrain. Et heureusement ça a été résolu. Quant à la visibilité, j’ai fait ce que j’ai pu. J’ai envoyé plusieurs rapports positifs sur les opportunités d’investir à Madagascar. Heureusement j’ai pu écarter l’idée de la fermeture. Jusqu’au moment où le problème de coronavirus est arrivé, et je suis resté à Madagascar parce qu’il n’y avait pas de vol et les frontières sont fermées. Mais j’ai continué à travailler. Aujourd’hui, je suis à ma quatrième année à Madagascar. Et tout récemment, j’ai présenté les copies figurées de mes lettres de créance au ministre des Affaires étrangères. Et bientôt avec le président de la République. Heureusement, les relations sont stabilisées. Mais le seul problème que nous avons, c’est que Madagascar n’a pas une ambassade en Iran.L’Iran est le seul pays de la région de Golfe Persique qui a une ambassade à Madagascar. Madagascar, en revanche, a ouvert une ambassade dans le Golfe Persique dans un autre pays. C’est vrai qu’il y a un consulat honoraire récemment ouvert en Iran. Mais je soutiens la réciprocité. Donc je peux vous dire que Madagascar est un pays merveilleux, avec plein de potentialités économique, culturelle, civilisationnelle, commerciale et d’investissement.

M-M : Et pendant ces trois dernières années que vous avez passé à Madagascar pour piloter la coopération, qu’est-ce qui vous a marqué le plus dans le pays ?

H-A-B : A mon avis, Madagascar est un pays unique dans le monde. D’après ce que j’ai vécu en Afrique, je peux dire que Madagascar n’est pas l’Afrique. Madagascar est un autre continent. C’est un pays avec une forte jeunesse et avec de très fortes potentialités. Mais, malheureusement, ce qui m’a beaucoup frappé c’est la pauvreté. Je ne suis pas du tout content qu’on classe Madagascar parmi les pays les plus pauvres du monde. Ce n’est pas du tout vrai. Je peux vous dire que Madagascar peut se prétendre comme pays le plus riche dans la région, du moins d’une grande partie du monde. Parce que vous avez tout ici. Et quand je parle aux Iraniens, ils s’étonnent que Madagascar soit pauvre. Comment ne peut-on pas l’exploiter ? Vous avez assez de terres, vous avez assez d’eau, vous avez assez de soleil, et vous avez un sous-sol très très riche. Moi je vois que Madagascar est une vitrine de toutes pierres précieuses, semi-précieuses, pierres d’ornementations, pierres de décoration et de construction. Mais rien n’est exploité ou mal exploité. Ca m’étonne, cette année, quand nous avons appris, avec la crise ukrainienne, que Madagascar importe du maïs de l’Ukraine. C’est incroyable. Madagascar peut exporter le maïs, le riz, ou beaucoup d’autres choses que vous importez actuellement. Et ce qui est vraiment gênant pour moi, en tant que diplomate qui connaît l’Afrique et qui a vécu en Afrique pendant plusieurs années, c’est de voir que Madagascar est un pays riche mais les gens vivent en extrême pauvreté. Vous avez tout. Vous pouvez bien développer le pays. Il y a des choses à faire, il y a des choses à rectifier. Le gouvernement a une part, la population a une part. Et malgré tout, je suis optimiste quand même.

M-M : Et d’après vos expériences dans le pays, quelles seront ces choses à rectifier ?

H-A-B : Moi je ne suis pas d’accord avec le concept « moramora ». Les malgaches sont très très relax. Ils sont très satisfaits de ce qu’ils ont. Il faut effacer cette mentalité. Madagascar a une population très jeune. Et pour que cette jeunesse ait un avenir, il faut que cette jeunesse travaille. Il ne faut pas se contenter de la vie actuelle. Les Malgaches méritent une vie meilleure. La population, les jeunes, les élites, les lettrés, les diplômés et d’autres qui ont déjà un certain niveau de scolarisation, il faut qu’ils travaillent. Pourquoi les Malgaches qui ont le niveau émigrent vers d’autres destinations ? Il faut rester pour développer le pays. Je parle à tout le gouvernement, à tous les politiciens. Il faut aider ce pays, il faut aider cette population qui a beaucoup de motivation, qui a beaucoup de force. Comment ? Il faut trouver de nouveaux partenaires. Il ne faut pas se concentrer toujours sur les anciens partenaires. Il faut aller voir d’autres horizons. Il y a beaucoup d’autres pays qui veulent travailler, aider, s’associer, investir à Madagascar. Et il faut essayer de faciliter cette chose. Également, Madagascar est classé parmi les pays les plus corrompus, et ce n’est pas moi qui dis ça mais ce sont les chiffres qui parlent. C’est la corruption qui parle trop ici. Vous avez une idée, vous avez un projet, vous allez voir les autorités, vous allez voir les responsables de division, et quand il faut réaliser il faut passer par plusieurs étapes. Moi je dis aux amis malgaches, quand vous rentrez à Madagascar vous pensez que Madagascar est un pays trop simple. Mais je vous assure que, après trois années d’expériences, Madagascar est un pays très très difficile à travailler.

M-M : Est-ce que vous avez vécu un cas particulier sur ce que vous êtes en train d’évoquer ?

H-A-B : Bien sûr. Pour avoir un développement dans un pays, il faut faciliter. Il faut faire passer des lois transparentes. Il faut encourager les gens. Il faut encourager les investisseurs. Madagascar a tout. Quand je parle de tourisme à Madagascar, ce pays n’a rien à envier à d’autres pays qui ont pu se développer en misant sur le tourisme. Aujourd’hui il y a l’insécurité dans le pays. Quand les touristes et les investisseurs viennent ici, il faut qu’ils se sentent sûrs. Quand je parle de corruption, c’est à tout niveau. Il faut faciliter tout. Je ne m’adresse pas à une seule personne, c’est un système. C’est un système qu’il faut changer, qu’il faut améliorer. Deuxièmement, il faut que les Malgaches trouvent du travail. Et je pense qu’il n’y aura pas trop d’insécurité. On parle de « dahalo », mais si ces gens gagnent du travail, ils vont travailler. Donc, il y a une grande part de responsabilités au gouvernement, aux collectivités locales et une autre part à la population. Il faut conscientiser la population malgache dans ce sens.

M-M : Votre pays est un acteur majeur de la géopolitique au Moyen-Orient. Mais la tension avec votre voisin Irakien est historique. Et le soutien de votre gouvernement au régime Syrien est pris comme un affront contre la politique étrangère des pays membres de l’OTAN dans la région. Quelles seront d’après vous les conditions qui permettront d’assurer une paix durable dans cette région ?

H-A-B : L’Iran c’est un pays de l’Antiquité. L’Iran a 7 000 ans de civilisation. Quand il y avait l’Iran, d’autres pays n’existaient même pas. L’Iran a cette influence dans la région. Quand je parle de l’Iran à l’époque, l’empire Perse c’était jusqu’au Caucase, jusqu’en Inde, jusqu’en Mésopotamie. Il ne faut pas négliger l’Iran. L’Iran a toujours joué son rôle. Mais actuellement, l’Iran est un pays fort qui veut son indépendance, qui veut gérer son pays et ses richesses. Il y a certaines grandes puissances qui ne veulent pas ça. Vous savez, nous avons des réserves de pétrole, de gaz, un sous-sol très riche. Dieu merci, le pays ne manque de rien. Tout est déjà prêt. La Révolution Iranienne est venue il y a presque quarante-quatre ans afin de gérer le pays, la population. Malheureusement, il y a des grandes superpuissances qui ne veulent pas ça, et qui veulent toujours venir, comme auparavant, piller nos richesses. Et l’Iran a dit non. Dans ce sens, nous avons travaillé sur notre peuple. L’Iran a travaillé pendant quarante-quatre ans, et nous avons une autonomie actuellement presque sur tous les plans. C’est ça qui n’a pas plu aux grandes puissances. Elles ont essayé de s’ingérer à plusieurs reprises, avec plusieurs complots. Nous sommes sous sanctions internationales depuis la Révolution, il y a quarante-trois ans. Jusqu’à ce qu’on parle de sanctions paralysantes sur notre pays menées par les américains. Mais nous avons travaillé, nous avons uni nos forces. Nous avons notre influence dans la région. C’est vrai, à un moment donné, les grandes puissances se sont levées pour éliminer le gouvernement de Bachar-Al-Assad, légitimement élu. Nous, on a dit non. Pour quelles raisons ? Vous avez vu ce que les occidentaux ont fait avec la Syrie pendant combien d’années. Mais ils n’ont pas pu finalement parvenir à leurs fins, grâce à l’Iran, grâce au soutien des autres pays comme la Russie. Et aujourd’hui on voit pourquoi ils ont décidé de détruire la Syrie, la Lybie, l’Irak. Qu’est-ce qu’ils cherchent ? Qu’est-ce qui les gênent ? Les peuples ont déjà décidé et laissons les peuples faire leur choix. L’Iran est déjà dans sa politique d’indépendance pour aider les pays amis, les pays frères, qui veulent, à leur tour, être indépendants et qui veulent gérer leurs ressources. Il y a toujours beaucoup de complot, des intoxications médiatiques, terrorisme médiatique. Ils diabolisent ce qui se passe en Iran. Ils ont des visées néfastes sur notre pays. On dit non, on est là. On résiste et on résiste. Aujourd’hui on est devenu fort malgré les sanctions économiques très dures contre notre peuple et notre gouvernement.

M-M : Concernant la crise ukrainienne, le gouvernement iranien affirme une neutralité et ne sera pas ni du côté de l’Ukraine ni de la Russie. Pourtant, vous affichez un penchant vers la Russie.

H-A-B : L’Iran a une position très nette et claire. Presque la même position que Madagascar. Nous étions et nous sommes toujours neutres dans cette crise ukrainienne. Et nous l’avons déclaré publiquement. On a toujours de bonnes relations avec l’Ukraine et de bonnes relations avec la Russie.

M-M : Mais vous êtes aussi un partenaire militaire de la Russie

H-A-B : Bien sûr. Notre relation diplomatique avec la Russie date de cinq siècles. La Russie est notre voisin direct. Donc c’est un pays avec lequel nous entretenons des relations diplomatiques depuis cinq siècles. Nous avons des traités militaires, nous avons des accords de défense avec ce pays. Parce que c’est un pays qui nous a soutenu dans des occasions opportunes. Et nous l’avons soutenu avant que cette crise survienne.Mais l’Iran avait une position neutre. On n’accepte pas l’agression. On est contre la guerre. On est contre l’annexion de certains territoires ukrainiens à la Russie. Et l’a déjà dit ouvertement partout. On était neutre. L’Iran est prêt à manifester son intention de faire sa médiation. Mais nous sommes aussi contre l’extension de l’OTAN. On n’est pas d’accord que l’OTAN vienne à côté de l’Iran. On a condamné la politique d’extension de l’OTAN vers la Russie. Je peux vous dire que nous n’avons défendu ni l’Ukraine ni la Russie dans notre position. On a une relation militaire avec la Russie sur certains aspects. Moi je salue la position neutre de Madagascar, comme celle des autres pays africains. Je sais qu’il y a une classe politique malgache qui a étudié en Russie depuis plusieurs années. Et ils ne peuvent pas oublier ça pour aller défendre une cause qui n’est pas juste. La position de l’Iran n’est pas de défendre la Russie contre l’Ukraine. On a une certaine coopération comme on l’a fait en Syrie, en Afghanistan, et qu’on va le faire là-bas où il le faut, pas contre l’Ukraine comme les gens disent en occident.

M-M : Mais des médias étrangers accusent l’Iran de livrer des drones militaires à la Russie. N’est-ce pas une manière de soutenir la guerre menée par la Russie ?

H-A-B : Les médias disent ce qu’ils veulent. Mais nous on n’est pas d’accord. On a dit aux autorités ukrainiennes qu’elles nous donnaient des preuves. On va négocier et on va voir de quoi vous parlez. On a une première rencontre de techniciens entre les deux pays. L’Iran a livré des drones à la Russie, comme le dit notre ministre des affaires étrangères, mais avant que la guerre a commencé. Dans le cadre d’un accord militaire et de défense, on travaille ensemble. Mais cela ne changera pas la donne dans cette crise. Donc, ce sont des allégations qui devront être justifiées par les techniciens.

M-M : L’Iran est accusé par plusieurs pays membres des Nations Unies de violer les droits de l’Homme dans le cadre des manifestations de soutien à la jeune Masha Amini. Est-ce que le gouvernement iranien actuel admet que c’est réellement le cas ?

H-A-B : Je ne peux pas prétendre que le droit de l’Homme est respecté à 100% en Iran. Aucun pays, même aux Etats-Unis, en France, ou à Madagascar, personne ne peut dire que les droits de l’Homme sont entièrement respectés. Mais en Iran, le droit de l’Homme a beaucoup évolué et progressé. Si vous faites une comparaison entre l’Iran et un certain pays voisin de l’Iran qui est allié aux occidentaux, nous sommes trop en avant en la matière. Ce sera sûr et certain. Je vous demande de faire une comparaison entre les femmes en Iran et les femmes aux Etats-Unis. Je pense que nous avons fait un grand pas. Nous sommes en train de voir le statut de la femme dans notre société. Chaque société a ses valeurs propres. La femme en Iran est bien respectée. Elle est partout présente. C’est déjà le droit de la femme. Actuellement, il y a 150 touristes malgaches qui sont en Iran. Mais si vous écoutez RFI, BBC ou France 24, qu’est-ce qu’ils diffusent sur l’Iran ? Il y a une forte méchanceté à l’égard de l’Iran sur les droits de l’Homme. Vous pouvez demander aux malgaches qui reviennent d’Iran ce qui se passe réellement dans notre pays. Mais d’autres font du chantage. Moi je me demande parfois s’ ils ne sont pas payés pour mener une campagne contre l’Iran. Ils font la même campagne contre vous. L’Iran c’est un pays indépendant, fort, défenseur des droits de l’Homme. L’Occident n’a pas de leçons à nous donner sur la question de droit de l’Homme. Moi je les invite actuellement à voir leur position dans la Méditerranée. Combien de gens meurent aujourd’hui en Méditerranée sous leurs yeux dans les bateaux. Pourquoi ils n’agissent pas.Les droits de l’Homme ne se trouvent pas seulement en Iran. Les droits de l’Homme se trouvent au Yémen, au Tchad. Pourquoi on ne parle d’une manifestation qui a eu lieu tout récemment au Tchad. Que là-bas, il y a des intérêts ? Le droit de l’Homme se trouve aussi en Libye qui est un pays riche et stable avant. Mais ces gens-là, qu’est-ce qu’ils ont fait à la Libye ? Pourquoi on ne parle pas de droits de l’Homme en Libye, en Syrie, au Palestine. Cette année, 220 personnes ont été tuées sauvagement par les forces d’occupation. 4 000 personnes ont été arrêtées en une seule année, en 2022. Pourquoi on ne parle pas de ça ? Ou, est-ce qu’il y a de droits de l’Homme américain ou occidental, et de droits de l’Homme des autres. Moi je suis d’accord qu’on étudie toute la situation. Nous on travaille et on vit en harmonie. Mais faire une pression pour instrumentaliser les droits de l’Homme n’est pas acceptable. On est un pays indépendant et on ne permet pas l’ingérence.

M-M : Concernant le cas du droit de la femme en Afghanistan, récemment les autorités locales ont décidé de retirer le droit d’étudier pour les femmes. Qu’en pensez-vous ?

H-A-B : Ca c’est encore une question bizarre que je pose aux occidentaux. L’Afghanistan est un pays occupé par les Américains pendant plusieurs années. Pourquoi ils n’ont pas facilité cette tâche pour les femmes afghanes. Ce pays est notre voisin, on a presque la même culture, presque la même langue. Nous aussi, on se pose cette question. Pourquoi les Américains ont- ils laissé l’Afghanistan dans la main des Talibans. On connaissait les Talibans. Les Talibans sont des fabrications américaines. Nous aussi, sommes très chagrinés par rapport à ce qui se passe en Afghanistan. C’est notre voisin, mais malheureusement, il y a un problème de sécheresse, de la famine. On essaie de les aider. Mais la femme c’est la moitié de l’homme et pourquoi on doit les écarter à l’école. En Iran, 65 à 70% des admis à l’Université sont des filles. La femme iranienne est partout. Elle est pilote, médecin, avocate, conductrice. Elle est partout présente. Mais l’arrivée des Talibans, qui sont des alliés des Américains, fait fuir les jeunes afghans. Pourquoi les Américains ne font pas pression sur ces Talibans. A mon avis, c’est une décision inacceptable.

M-M : Est-ce que l’Iran a une coopération militaire avec Madagascar ?

H-A-B : En toute franchise, non.

M-M : Mais est-ce déjà en perspective ou non ?

H-A-B : Quand on est avec un pays frère comme Madagascar, la coopération à plusieurs dimensions, plusieurs aspects. Personnellement, j’ai proposé plusieurs idées dans tous les gouvernements qui se sont succédé depuis mon arrivée. Je suis parti voir tous les ministres. J’ai proposé des projets dans le domaine de la pêche, de l’agriculture, de l’élevage, de la santé, des mines, et même dans le domaine de la sécurité et de la défense. Madagascar est un grand territoire situé dans l’Océan Indien. Donc il a besoin d’assurer sa sécurité. On est confronté à beaucoup de trafiquants de drogue, de trafiquants d’êtres humains, de pierres précieuses, de groupes terroristes. Dans ce sens, nous sommes prêts à aider à renforcer la sécurité du territoire malgache. Et nous avons déjà fait des propositions. Les deux ministres de la Défense se sont déjà vus en marge du sommet de l’IORA ou les pays riverains de l’océan indien. Ils se sont déjà parlés. Mais au stade actuel des discussions, il n’y a pas encore de projet concret.

M-M : Pourquoi l’Iran est-il intéressé à développer le volet extractif dans la coopération bilatérale ?

H-A-B : J’ai pu voir tous les ministères et plusieurs ministres. J’ai déjà vu quatre ministres de la Santé, quatre ministres des Mines, quatre ministres de l’Agriculture. Parce qu’il y a beaucoup de changement de gouvernement. A chaque ministère, j’ai toujours proposé des idées dans leur département technique. Comme dans le domaine de la pêche où nous avons même signé un PV il y a six ans. Et je suis parti voir le ministre des pêches pour lui proposer des idées de manière à ce que nous puissions vraiment partager notre savoir-faire. Les mines également sont aussi un domaine dans lequel nous pouvons faire tellement de choses ensemble, comme l’octroi de bourses par exemple. Pareil avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Nous avons des bourses pour les jeunes malgaches qui veulent aller étudier en Iran. Et il y a beaucoup de projets que j’ai partagés avec les ministres. Et nous attendons un retour. C’est vrai, on a négocié. Bientôt j’aurai une délégation sur la pêche qui viendra peut-être pour former et aider le pays dans ce domaine. J’ai même envoyé des projets de production de médicaments « made in Madagascar ». J’ai aussi envoyé des idées sur la construction de logements sociaux. J’ai négocié avec Seimad, avec Analogh. J’ai des investisseurs, des équipements, des matériaux de construction, du savoir-faire. On veut aider le programme du gouvernement pour la construction de logements sociaux. Dans ce cadre, j’ai parlé avec tous les ministres.

M-M : Vous voulez me dire que ça traine un peu dans le cadre de la réalisation de ces projets de coopération. Qu’est-ce qui explique ça d’après vous ?

H-A-B : Je sens que ça traine, parce qu’il y a une ingérence des grandes puissances. On veut aider Madagascar, mais dès fois il y a des pays qui ont une certaine puissance qui empêche. Nous, on est sous sanctions et j’ai proposé la fourniture de l’énergie à l’Etat malgache. L’Iran aide beaucoup de pays du monde, même sous sanctions. Les Américains nous ont sanctionné sur l’énergie. C’est déjà un empêchement. Mais on est en crise alimentaire, en crise énergétique. Et on voulait aider Madagascar comme d’autres pays africains. Mais eux ils viennent, et ils empêchent. Aussi, il y a l’aspect que je vous ai dit sur la lenteur des Malgaches. Dans le sens « moramora », ça n’avance pas aussi. En Iran, le concept c’est « malakilaky, malakilaky ». Donc, ça nous gêne aussi. On veut venir, mais ça n’a pas avancé. Mais je ne suis pas déçu, on veut continuer. Dès fois, si on peut effacer cette ingérence dans certains pays. On est sous sanction américaine, mais on n’est pas sous sanction internationale. Il y a beaucoup d’aspects de la coopération qui ne sont pas sanctionnés. Nous on donne des bourses. Il y a plein de jeunes Malgaches qui veulent aller en Iran. Et il y a beaucoup de boursiers malgaches qui sont actuellement en Iran. Mais je veux renforcer dans les filières sur lesquelles Madagascar a besoin, comme le pétrole, la géologie, la santé, l’agriculture, l’élevage.

M-M : Est-ce qu’il y a des iraniens qui veulent venir à Madagascar ?

H-A-B : Il y a des Iraniens qui veulent venir à Madagascar dans quelques secteurs comme le tourisme. Les Iraniens connaissent Madagascar d’après les dessins animés. Et quand on parle de Madagascar, tout le monde veut venir parce qu’on veut venir dans la forêt, par exemple. J’ai fait venir plusieurs touristes iraniens. Et il y a beaucoup d’investisseurs iraniens qui veulent aussi venir à Madagascar. Et je suis en train de les encourager. Je suis en train de travailler sur l’agriculture contractuelle ou de l’élevage contractuel. Vous pouvez devenir un grand exportateur de viandes. Et je suis en train de voir la coopération entre l’Iran et les autres pays dans l’Océan Indien.

M-M : L’Iran est un pays islamique. Est-ce que vous n’entendez pas à étendre l’influence de votre religion ici à Madagascar ?

H-A-B : Non ce n’est pas notre vision. Moi, je salue et je félicite l’amitié qui existe entre les formations religieuses à Madagascar. Je suis en contact avec tous les dignitaires religieux du pays. Dès fois, je descends dans les églises et je prie avec. Je rentre avec les musulmans sans problème. Ici, il y a des chrétiens, des musulmans qui vivent en harmonie avec d’autres religions.

M-M : Concernant la situation politique, vous êtes arrivé au début de l’actuel régime. Après trois années passées dans le pays en tant qu’observateur averti, quelles seront vos appréciations, surtout que les échéances électorales approchent.

H-A-B : Je pense dans l’ensemble que le président et le gouvernement actuel ont bien travaillé. Le grand problème a été la covid qui a bloqué beaucoup de choses pas seulement à Madagascar mais aussi dans le monde. La pandémie de covid a un impact très négatif sur l’avancée des programmes, des projets dans le pays. Mais je pense que l’équipe gouvernementale actuelle a beaucoup travaillé. A mon avis, ils ont réussi. Il y a beaucoup de pays qui ont beaucoup de difficultés. Mais ici à Madagascar, il y a beaucoup de denrées alimentaires. La crise ukrainienne est venue aussi pour ajouter aux effets négatifs du covid. Le gouvernement a beaucoup travaillé. L’ouverture qu’il a menée, je la salue. Il faut qu’il continue et je l’encourage dans ce sens vers d’autres horizons. On est à la phase de la fin de ce mandat. Personnellement, je souhaite que les activités politiques marchent dans un aspect démocratique. Et concernant les élections, tout le monde va s’associer à cette élection présidentielle. Et ce sera le peuple malgache qui va choisir. Nous, en tant qu’observateur, je suis optimiste. La classe politique malgache est mûre pour le mandat futur.

M-M : En parlant de classe politique, des voix s’élèvent également pour fustiger les organismes en charge de la gestion des affaires électorales. Qu’en pensez-vous ?

H-A-B : J’évite de faire des ingérences dans les affaires internes du pays. Mais dans le sens général, toujours l’opposition crie contre le gouvernement et contre le parti au pouvoir. Je ne peux pas dire si c’est vrai ou non. Mais moi je pense que la classe politique, soit le gouvernement, soit l’opposition, va trouver un terrain d’entente pour aller à une élection transparente et démocratique. On peut vous venir en aide, vous faciliter les tâches. Je pense que cette phase va facilement se passer.

M-M : Sur le plan culturel, quel est votre projet pour développer davantage la coopération bilatérale dans ce domaine ?

H-A-B : Nous avons signé un accord de coopération technique, culturel, scientifique et universitaire, il y a trente ans. Malheureusement, on n’a pas pu réaliser certains aspects de cette coopération. Je suis en train de voir cet accord avec le ministère de la Communication, celui de l’Enseignement supérieur, et avec d’autres ministères qui sont concernés, afin de revaloriser et d’exécuter cet accord. Sur ces domaines, l’Iran peut vous donner beaucoup de choses comme les bourses, les stages et les formations techniques et professionnelles. Parce que c’est un domaine très riche en Iran. Et dans ce cadre, j’ai déjà vu la ministre de l’Enseignement technique pour lui donner un projet de convention. Nous sommes prêts à venir créer un centre de formation pour les jeunes malgaches ici. Et j’attends actuellement le feu vert du gouvernement. De notre côté, la délégation est prête parce qu’on en a prévu avec d’autres pays de la région. J’espère exécuter cet accord dans un avenir très proche.

Recueillis par Rija R.

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4 Commentaires

  1. Et les Iranien meritent une meilleure vie aussi: sans etre chassé par des moullah, sans etre harceler par des se(r)vice secretes, etc.
    A quand .?

    • Les iraniens et iraniennes ne meurent pas de faim .
      L’Iran a un PIB/ habitant de 2756$ soit 5 fois plus que Madagascar (514 $).
      Les Iraniens et iraniennes sont 5 fois plus riches . En Iran , il n’ y a pas autant de babakoto .

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