A sept jours de Noël et quatorze jours de la St Sylvestre, la population malgache est résignée à passer des fêtes de fin d’année particulièrement moroses. A la cherté de la vie et à l’insécurité, s’ajoute ce délestage particulièrement pénible qui, tout en empêchant de vivre une vie normale, met à mal plusieurs secteurs de l’économie nationale.
Ambiance de plus en plus délétère
Jamais au plus fort de la crise qui a régné durant les cinq ans de la transition, les Malgaches n’ont vécu d’aussi longues heures de délestage. Il est malheureux de faire référence à une période particulièrement sombre de la nation, mais on se doit de dire ce qui est. Aujourd’hui, tous les quartiers de la capitale subissent ces longues coupures d’électricité qui perturbent la vie de tous les ménages. Ces délestages sont, dit-on, tournants, mais ils se produisent au moins deux fois par jour. Les Malgaches sont durs à la souffrance et ils restent stoïques dans les situations les plus difficiles. Actuellement, les récriminations se multiplient, mais ne comptez pas sur les citoyens pour se révolter. Le régime peut donc être tranquille car ces derniers sont résignés. Les contestataires les plus virulents ont été réduits au silence. Les forces de l’ordre veillent au grain. Le délestage n’est qu’un des nombreux problèmes auxquels la population de la capitale doit faire face. La majorité d’entre elle doit lutter pour sa survie. Avec un revenu journalier de moins de 1.000 ariary, elle ne peut pas se permettre de ruer dans les brancards. Les marchands informels ont de nouveau envahi les trottoirs, désertés par les agents municipaux qui ont reçu l’ordre de ne plus importuner durant cette fin d’année. Les moins fortunés vont essayer de gagner leur vie en participant au marché de Noël. Mais l’ambiance qui règne n’est pas festive, c’est celle d’une ville où la joie de vivre n’existe pas. Les sourires sont parfois figés. Comment peut-il en être autrement dans les conditions de vie précaire qui existent aujourd’hui ?
Patrice RABE