Le jeu politique à l’Assemblée nationale est difficile à suivre. C’est une majorité de députés qui s’est prononcée la veille en faveur de la motion de censure. Le lendemain, comme par enchantement, c’est encore une majorité qui signe la pétition de rejet de la motion de censure. Les uns expliquent par la corruption la versatilité des députés. D’autres soutiennent leur bon sens. En tout cas, le jeu politique est subtil et complexe à suivre à l’Assemblée nationale. En effet la mouvance Ravalomanana qui affirme son appartenance à l’opposition n’est pas contre le gouvernement. Elle a refusé de s’associer à la motion de censure. L’un de ses responsables a confié que cette position a été adoptée pour que le Mapar ne puisse prétendre à la primature. C’est donc l’opposition qui a sauvé le gouvernement Kolo Roger.
Ambiguïté politique
Bien que faisant partie de la majorité parlementaire, le Mapar, en revanche, ne cache pas sa déception devant l’avortement de la motion de censure. Ses députés refusent de se ranger dans le camp de l’opposition. Certains continuent d’affirmer que c’est grâce à eux que Hery Rajaonarimampianina a été élu président de la République. Les députés Mapar ont pourtant été les instigateurs de la motion de censure contre le gouvernement. Ils estiment toujours que l’instabilité résulte de la mauvaise interprétation et application de l’article 54 de la Constitution. Que la primature leur a échappé pour cette raison. La motion de censure aurait pu rétablir la situation. En vérité, sur cette motion de censure, c’est encore et toujours la guéguerre entre le Mapar et la mouvance Ravalomanana qui détermine la pluie ou le beau temps à l’Assemblée nationale. L’ambiguïté des positions adoptées prend parfois de court les observateurs. Devant la motion de censure, il serait plus logique de voir le Mapar dans l’opposition et la mouvance Ravalomanana dans la majorité. La même ambiguïté est perceptible au sommet de l’Etat. Le président de la République semble avoir du mal à mettre en chantier son arbitrage et sa neutralité. D’un côté, il affirme que Marc Ravalomanana n’a pas été arrêté et emprisonné mais placé en résidence surveillée. De l’autre, les forces de l’ordre n’acceptent pas que l’exilé soit de retour au pays en usant des moyens illégaux. Les conditions de sa détention fait polémique. Est-il libre ou prisonnier ? L’arrestation de Jean Marc Koumba soupçonné de complicité dans ce retour en catimini augmente l’ambiguïté autour des décisions prises. L’ancien garde du corps de Ravalo est retenu depuis plusieurs jours à la gendarmerie de Fiadanana. Qui qu’il en soit, il n’y a que la réconciliation qui peut aider le pouvoir à mieux gérer la classe politique dont les rivaux Mapar et mouvance Ravalomanana.
Zo Rakotoseheno