
La journée mondiale des Droits de l’Homme célébrée officiellement hier, au Carlton, est une occasion de mettre sous les feux des projecteurs les réalités vécues par la population, plongée dans une misère pour la majorité.
La misère en plein cœur de la ville. Elle a des noms, des visages, certainement des rêves… mais confrontée à la réalité, elle se donne en spectacle devant des passants qui ne s’émeuvent même plus pour ces injustices. A Ambohidahy, juste à l’entrée du tunnel menant vers Analakely, une jeune mère de triplés, trois bébés emmitouflés, s’occupe tant bien que mal de ces bébés. Assis à même le sol, ils font leur petite vie, espérant la charité des passants pour ne pas dormir le ventre creux. Elle leur donne à manger, change leurs langes, leur parle de temps en temps. Quoi de plus naturel pour une mère. Le tableau aurait pu être parfait sauf que vivre dans de telles conditions est injuste, tout simplement. Aucun des droits de cette femme ni ceux de ses enfants n’est respecté : droit à la santé, d’ailleurs vivre dans un environnement où les gaz rejetés par les véhicules au quotidien, et dans un endroit confiné, ne favorise certainement pas la santé de cette famille. Aucun droit respecté pour une vie convenable, rien. Combien sont-ils pourtant, rien que dans la ville d’Antananarivo, à survivre ainsi au quotidien, pendant que les dépenses des élus et leurs conditions de travail trahissent le peu de volonté politique de l’Etat pour améliorer le pouvoir d’achat de la population.
Interpellation. Hier, la célébration officielle de la journée des droits de l’Homme au Carlton Anosy, honorée par la présence du Premier ministre Kolo Roger, a permis aux autorités de faire de grands discours en faveur des minorités (quoi que…). Des promesses encore et encore d’un avenir meilleur, en attendant, puisque la réalité reflète le contraire. D’ailleurs, les gouvernements ont été interpellés par le Secrétaire Général des Nations unies Ban Ki-Moon : « Nous dénonçons les autorités qui nient les droits de toute personne et de tout groupe. (…) J’invite ainsi les Etats à honorer leur obligation de protéger quotidiennement les droits de l’homme » dit-il dans son message.
Anjara Rasoanaivo