
Un processus d’analyse du « risque de famine » est actuellement mené dans le Sud de Madagascar. Le district d’Ambovombe Androy pourrait connaître cette catastrophe si des actions ne sont pas menées.
« Un scénario qui a une chance raisonnable de se produire ». Une phrase qui interpelle sur l’urgence d’agir pour endiguer la situation latente d’insécurité alimentaire dans le Sud de Madagascar. En effet, selon un exercice pilote d’évaluation du risque de famine dans les districts d’Ampanihy Ouest, Amboasary Sud et Ambovombe-Androy, ce dernier a été identifié en risque de famine pendant «la période d’octobre à décembre 2021». L’étude avance les causes pouvant amener à ce scénario dont une « chance raisonnable d’une continuation et intensification des impacts négatifs de la sécheresse sur la sécurité alimentaire » et/ou «une nouvelle vague de Covid-19 avec des restrictions supplémentaires aux mouvements des ménages qui dépendent du travail occasionnel». Selon toujours l’analyse pilote, la situation actuelle qui prévaut dans le district d’Ambovombe Androy est préoccupante avec une «situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle très critique avec un niveau de sévérité Mag 26% (prévalence de la malnutrition aiguë) et qui dépasse de loin les seuils d’urgence nutritionnelle». Ce qui pourrait donc constituer « un risque de famine pour les mois à venir ».
Astérisque. Compte tenu de la situation, il conviendrait de préciser que la période d’octobre à décembre correspond pour cette partie du pays, « aux premiers mois de la période de soudure alimentaire ». Aussi, même pour une année qualifiée de normale, cette période est « associée à une détérioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ». Le risque de famine serait d’autant plus élevé « à cause de l’échec de la récolte récente, de la hausse des prix et de la faible couverture de l’assistance alimentaire prévue (qui atteint seulement 22 % des ménages). Déjà que l’enquête Smart menée au mois de mai dernier a démontré que « la consommation alimentaire des ménages reste très inadéquate, et confirme la classification du district en Phase 4 (avec 30% des ménages en Phase 4 IAA) pour la période projetée ». Entre les interpellations sur les éventuels scénarios, les milliers voire millions de personnes victimes d’insécurité alimentaire, les milliards de dollars investis et les actions d’urgences menées depuis des dizaines d’années, la faim n’arrive toujours pas à justifier les moyens déployés dans cette partie du pays.
José Belalahy