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mercredi, juin 26, 2024
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 Analalava : « berceau » des « élites » régionales

Analalava, ville des pêcheurs.

Quand on parle d’Analalava, certains  pensent à un endroit arriéré, loin de la modernité. Un village  oublié où les vieux retraités prennent leurs vacances. Alors que, pendant la colonisation cette ville avait un rôle très important surtout dans le domaine de l’éducation.  Ainsi, nombreuses familles issues de la classe modeste ont trouvé leur ascension sociale  grâce  à  l’implantation de l’école régionale dans cette contrée.

Selon l’historien, Gabin Tsilavinjara ,spécialiste de la région    « grâce au système de mérite appliqué  à  l’Ecole régionale d’Analalava, bon nombre d’élites profrançais émergent, issus des familles modestes  à partir des années 1930. Dans les années 1950, l’amélioration du système scolaire devient une priorité de l’administration coloniale grâce à la revendication des élites loyalistes du PADESM et celles des nationalistes du MDRM. Alors, une grande réforme éducative est lancée en 1951 pour y parvenir. A la fin du régime colonial, l’Ecole régionale d’Analalava perd son statut après avoir formé des personnalités politiques de la Première République malgache, membres du PSD»

112e anniversaire de l’ école régionale d’Analalava.

L’Ecole régionale d’Analalava (1905-1958): une  école de second  degré.  L’une des priorités de l’administration coloniale  a été l’installation d’écoles officielles dans tout Madagascar. Ce projet  doit  répondre  aux contextes géographiques  et historiques de la colonie. « La mise en place  d’Ecole régionale d’Analalava constitue  un moyen d’accélérer la formation d’élites régionales et d’avoir des intellectuels capables de collaborer avec l’administration française » a expliqué l’historien  Gabin Tsilavinjara.

En 1905, la ville d’Analalava devient un chef-lieu de province. L’école professionnelle créée en 1897, se transforme en Ecole régionale à partir de 1900. Cette institution est une étape pour accéder au Le Myre de Vilers  où le recrutement est sélectif. Par voie de concours, une minorité  d’élèves peut y accéder. Elle dispose de différentes sections dont toutes catégories sociales ont une  chance d’être les élèves.

Après l’obtention du Certificat d’Etudes du Premier Degré, les élèves primaires passent le concours  d’entrée à l’Ecole régionale d’Analalava. En effet, l’enseignement officiel est basé sur trois principes : d’abord pratique et professionnel destinés  à satisfaire les besoins de la colonisation, ensuite, un enseignement laïc appelé à concurrencer l’enseignement confessionnel, enfin, un enseignement obligatoire. En principe, l’enseignement secondaire se divise en deux grandes sections à savoir l’enseignement général et professionnel. Le premier contient la sous-section normale et administrative. La sous-section normale forme les instituteurs et les institutrices (écoles officielles),  tandis que la deuxième sous-section assure la formation des fonctionnaires comme les chefs de canton, les  écrivains-interprètes, les secrétaires d’administration et les cadres spéciaux de l’administration. En ce qui concerne la section professionnelle, elle comprend aussi deux sous sections (agricole et industrielle). D’une part, la sous-section agricole forme les « contremaîtres agricoles » dont  les fonctions principales consistent à prendre en charge l’encadrement des ouvriers agricoles. D’autre part,  ce sont des hommes de terrain, ils travaillent dans les campagnes. Quant à la sous-section industrielle, elle forme les techniciens industriels focalisant son domaine sur le travail manuel comme l’artisanat, l’ouvrage bois, la mécanique, la machine.

Par ailleurs, la section professionnelle incarne une action basée sur la pratique tandis que l’enseignement général sur l’abstraction et la théorie. En outre, il existe dans cette section professionnelle, l’école ménagère pour les filles où la durée d’étude est égale à celle des garçons

Par ailleurs, ces différentes sections montrent que les élèves  ont  des choix variés. Pourtant, la sociologie scolaire de la région explique que les parents d’élèves préfèrent que leurs enfants  choisissent  la section  qui mène au fonctionnariat  ou à la bureaucratie. C’est  la raison  pour  laquelle la  plupart  des élèves entrent  dans la section administrative et normale. En plus, l’existence de l’école de ce genre est une chance pour  la région d’Analalava. Par contre, suivre la section professionnelle signifie le retour à la vie paysanne qui demande de  la force physique. En d’autres termes, le retour  au village  sans diplôme  est une honte pour la famille, car dans la campagne, les travaux  de champs et la garde des troupeaux les attendent. Or, les élèves préfèrent la vie citadine, milieu fascinant pour apprendre et adopter un nouveau mode de vie. (Gabin A. Tsilavinjara)

L’administration a besoin de main-d’œuvre qualifiée pour mettre en valeur les concessions agricoles. Un témoignage de Rajiabo, ancien élève de l’école d’Analalava relève que  « ceux qui n’obtiennent  pas  la  moyenne requise de 12/20 sont contraints  de suivre  la section professionnelle, l’une des causes de l’abandon scolaire ». Face à cette situation l’Ecole régionale est réputée comme être une formatrice d’élites politiques, collaborateurs  de l’administration.

L’Ecole régionale d’Analalava, une zone reculée. En réalité, cette école   est créée dans le contexte historique et géographique des régions du Nord-ouest de Madagascar. Ces deux contextes jouent un rôle important dans l’implantation  des  écoles  supérieures  régionales  au  début  de  l’ère coloniale.  Elle est  fondée durant  la  période  de  « la pacification » de Joseph Simon Gallieni en 1901. La position géographique accorde  une  large  faveur  à  la  région d’Analalava.  Dans son territoire, il existe  des  cours  d’eau,  qui sont  presque  navigables  et  des  baies  favorables  à  l’accostage. D’un côté, l’administration coloniale, faute des infrastructures routières,  depuis  son implantation,   choisit  les  côtes  pour  faciliter  les  communications  maritimes  et  fluviales.  Analalava  figure  parmi  les régions  qui  répondent  à  ces  projets.  Quatre  grands  fleuves  parcourent  la région  d’Analalava,  il s’agit de Maevarano, de  Sofia,  de Mangarahara, de Droa, de  Loza,  qui la relient avec la région d’Androna district de Mandritsara. L’éloignement  des chefs-lieux  de district  par rapport  aux  cantons,  favorisent  les  difficultés  pour  les  parents  des élèves,  surtout  durant  les saisons  de  pluie.  Cette situation provoque des frustrations  de  la  part  des « Sojabe » et  des  anciennes  élites «  tsimihety »  qui  demandent  la création d’Ecole  supérieure chez  eux  à  Mandritsara  en  1929.  Or, l’administration  n’est  pas encore  prête pour  ce projet. Cet éloignement géographique exige des sacrifices de la part des « ray aman-dreny » et  des  enfants.  Philibert  Tsiranana   révèle  l’avidité  et  le  zèle  de  ses  parents sur  sa  scolarisation  à  Anjiamangirana  dans  l’ouvrage  de  Didier Galibert.   C’est  la  raison pour  laquelle  le  futur  président  de  la  Première  République  malgache  évoque  cette  question scolaire  dans  ses  discours   dans  les  années  1950.  Parfois,  il  accuse « l’administration  de partialité  du  pouvoir  colonial  en  faveur  des   Hautes Terres  centrales. »

A la veille de l’indépendance de Madagascar, toutes les grandes institutions créées depuis l’époque   de  Gallieni  perdent  peu  à  peu  leurs  privilèges  régionaux.

Propos recueilli par Iss Heridiny

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