L’affaire opposant la ministre Lalatiana Rakotondrazafy et Andry Andriantongarivo connaît un autre rebondissement.
Un différend conjugal qui devient une affaire nationale
Le camp Andry Andriantongarivo regrette la tournure que l’histoire a prise. Après des péripéties qui ont tenu l’opinion en haleine avec les grincements de dents que cela a provoquées dans la haute sphère politique, les avocats de Tojonirina Andrisoa Andriantogarivo sont montés au créneau, hier, afin de se faire entendre sur la situation de leur client. Dans un communiqué, ils indiquent avoir été notifié d’un ordre d’extraction en date du 5 mars émanant de la Section de recherche criminelle de la gendarmerie nationale en vue d’auditionner leur client dans le cadre d’une plainte déposée par son épouse, la ministre Lalatiana Rakotondrazafy, pour dénonciation calomnieuse. « Les avocats sont sidérés de l’usage qu’ait fait la plaignante de son statut de ministre de la République pour régler un différend ou du moins de la considération de ce statut par les autorités judiciaires dans le traitement du dossier », peut-on lire dans le communiqué tout en soulignant qu’ « il a été expressément cité comme référence dans le message de la gendarmerie demandant l’ordre d’extraction de leur client adressé au parquet d’Antananarivo : « la plainte formulée par Madame la ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle » ». Notons que selon sa famille, la situation sanitaire du premier concerné est très critique.
Abus de pouvoir
Dans cette affaire, non seulement les avocats d’Andry Andriantongarivo a dénoncé des abus mais ils s’étonnent également des manipulations des autorités. « Ce qui laisse croire que la saisine par Lalatiana Henriette Rakotondrazafy des autorités compétentes a été faite en sa qualité de ministre, membre du gouvernement, la mettant dans une situation privilégiée face à leur client qui lui demeure un simple justiciable parmi tant d’autres », continue le communiqué tout en ajoutant que « ce qui a étonné plus d’un professionnel du droit, d’autant plus que la plaignante réside dans une zone urbaine, dans le deuxième arrondissement de la capitale, zone de compétence de la police ». L’avocat de Andry Andriantongarivo est convaincu que l’usage du statut et de sa fonction par son épouse, constitue une utilisation abusive des prérogatives de puissance publique ou tout simplement un abus de pouvoir et a influencé toutes les décisions qui ont été prises dans le cadre du traitement du différend qui oppose leur client et Lalatiana Rakotondrazafy.
Sortie médiatique
En effet, le feuilleton commençait au mois de septembre 2021, le couple était au centre d’un scandale, avec une jeune star de la musique malgache. Cette histoire aurait pu passer aux oubliettes, sauf qu’en novembre 2023, l’ancien numéro deux du ministère de l’Energie et des hydrocarbures a publié une vidéo dans laquelle il a fait état de son divorce avec la ministre avec qui il a eu deux enfants. Cette sortie médiatique ne fut pas isolée car dans d’autres « live » sur Facebook, se sentant victime d’abus perpétrés par son ancienne épouse, il a publiquement dénoncé des faits pas très conformes aux lois et règlements commis par cette dernière. Il s’apprêtait même à aborder le sujet de la fameuse relation de la mère de ses filles avec la jeune star quand des éléments des forces de l’ordre ont fait irruption à son domicile, le soir du 8 novembre de l’année dernière pour exécuter un mandat de perquisition émis par le parquet et qui sont venus procéder à l’arrestation. Deux jours après son arrestation, il a été écroué à la prison d’Imerintsiatosika suite à la découverte d’armes de guerre et de substances illicites lors de la perquisition, mais aussi pour tentative de meurtre à l’endroit de l’ancien conseiller de son épouse. Exactement les faits qui lui ont été reprochés par les médias deux ans plus tôt mais dont aucune suite n’y a été donnée à l’époque.
Même célérité
Une autre procédure judiciaire a été enclenchée par le clan Andriantongarivo. « Les avocats souhaitent que la plainte avec constitution de partie civile déposée par leurs soins ce jeudi 7 mars 2024 auprès des autorités compétentes contre Lalatiana Rakotondrazafy pour des faits graves n’ayant aucun lien avec ses fonctions soit traitée avec la même célérité et efficace que la plainte ayant causé la détention de leur client », souligne le communiqué. Ils estiment même qu’une ministre accusée de tentative de meurtre se dit de démissionner pour laisser la justice faire son travail sans aucune contrainte. Les avocats tiennent à partager les souhaits de leur client de trouver une issue pacifique à cette situation, à rappeler que ses actions ne sont nullement dictées par des calculs politiques mais uniquement par une quête de justice.
Recueilli par Julien R.