
Derrière la polémique sur le Rova d’Antananarivo en général et la construction du Colisée en particulier, se profile la rivalité récurrente entre les deux hommes. Laquelle remonte à 2007.
Un an et demi après le deuxième tour de l’élection présidentielle qui les a mis face-à-face, l’ancien numéro 13 et l’ex-numéro 25 se livrent à un troisième round dans l’arène encore en chantier du Colisée d’Anatirova. Un combat de gladiateurs entre « Zandrikely » et « Ramose » qui avait commencé …13 ans (un chiffre prémonitoire) auparavant lorsque le premier prit la décision de défier le poulain du second dans la course à la mairie de la capitale.
Politique et économique. La victoire d’Andry Rajoelina, qui priva Marc Ravalomanana d’un « Joyeux Anniversaire » le 12 décembre 2007, devait attiser la rivalité entre le nouveau maire de Tana et le président de la République de l’époque. Non seulement sur le plan politique mais également dans le domaine économique car ils sont l’un et l’autre, issus du monde des affaires. Du temps où la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) était entre les mains du TIM, le propriétaire de Tiko avait fait enlever les panneaux publicitaires d’Injet. Pour ne rappeler que le panneau défilant édifié devant l’immeuble Falda Antanimena.
Putsch. Après son élection à la tête de la Ville des Mille, les ennuis du « Tanora Gasy Vonona » ont été multipliés par « Ra8 ». Avec comme résultat la quasi-suppression des subventions de l’Etat à la municipalité de Tana. A partir de là, les rapports entre le jeune maire élu en 2007 et le président qui venait d’obtenir un second quinquennat en 2006 se dégradèrent davantage jusqu’en 2009 avec « le changement inconstitutionnel » selon les uns ou « le putsch » d’après les autres. En tout cas, le résultat était le même puisque Andry Rajoelina avait pris – au propre comme au figuré – la place de Marc Ravalomanana. Contraint à son tour à l’exil comme les victimes du « haza lambo » de 2002.
Vakoka. C’est dire que la guerre de Palais actuelle est l’énième acte de la confrontation entre les deux hommes qui ont chacun ses partisans. Tout particulièrement par rapport à la construction du Colisée qui est qualifiée de « violation d’un « Vakoka » qui a fait l’objet d’une demande d’inscription au patrimoine mondial auprès de l’UNESCO ». D’aucuns d’attribuer même à Andry Rajoelina des dérives monarchiques comme d’autres l’avaient également suspecté à l’endroit de Marc Ravalomanana lorsque celui-ci avait fait construire une sorte de « Mahitsielafanjaka » bis dans l’enceinte du Palais d’Etat d’Ambohitsorohitra.
Monarchie Merina. « En 2007, le président Marc Ravalomanana a pris la décision de construire une extension dans un style inspiré par les « rovas », palais traditionnels de la monarchie Merina », selon Wikipédia. En ajoutant notamment que « ce nouveau bâtiment devait abriter les bureaux de la présidence ». Il était même prévu d’y accueillir le Conseil des ministres. Si Andry Rajoelina était comparé à Radama (I ou II ?) en raison de la tenue vestimentaire qu’il avait portée au Rova en 2010, Marc Ravalomanana s’était-il identifié à Andrianampoinimerina en faisant construire une réplique du palais de ce dernier ? Une chose est sûre, le Seigneur d’Imerinkasinina et le Prince qui nous gouverne actuellement ont, à peu près, la même différence d’âge que les anciens Rois susnommés. La rivalité médiatique et médiatisée entre ces deux patrons de presse résulte peut-être aussi d’un conflit de générations.
R.O