
Tension persistante à Antananarivo. Pour le troisième jour, étudiants et forces de l’ordre s’affrontent, alors que les revendications prennent une tournure politique.
Acte 3
Trois jours de manifestations, et la tension ne semble pas vouloir retomber. Hier, après une pause dominicale, étudiants et forces de l’ordre se sont de nouveau affrontés à Ankatso et Tsiadana, dans une nouvelle démonstration de la colère qui gronde au sein de la jeunesse malgache. Ce troisième jour a été marqué par des échauffourées au cours desquelles les manifestants, principalement des étudiants de l’Université d’Antananarivo et de la Génération Z, ont tenté de faire entendre leurs voix en se rendant à Ambohijatovo. Les autorités ont réagi rapidement : à 11h05, les forces de sécurité ont dispersé la foule avec des grenades lacrymogènes, alors que les manifestants cherchaient à se frayer un chemin vers leur destination. Cette répression a poussé les étudiants à se replier sur le campus universitaire. Loin de se laisser intimider, ils ont riposté en jetant des pierres sur les forces de l’ordre. L’affrontement a duré plusieurs heures, jusqu’en fin d’après-midi.
Démission
Ce qui avait commencé comme un mouvement de protestation contre les pénuries d’eau et d’électricité s’est désormais élargi. En plus de ces demandes, les manifestants ont réclamé la démission du président Andry Rajoelina, scandant à Ankatso : « Rajoelina, dégage ! ». Selon eux, la situation du pays ne peut plus durer et une justice sociale est désormais une priorité. La Génération Z, porteuse de ce mouvement, a insisté sur la nécessité de rassembler toutes les forces vives de la Nation. « Le peuple malgache porte en lui l’urgence de réclamer justice face aux réalités qu’il endure. Il est vital de rassembler toutes les forces. Cette lutte a commencé avec la revendication de l’accès à l’électricité et à l’eau, mais elle s’élargit aujourd’hui à toutes les souffrances des Malgaches. Et nous le disons haut et fort : nous déracinerons la corruption jusqu’à ses racines », ont martelé les jeunes manifestants.
Arrestations
L’un des points d’orgue de cette journée a été l’arrestation du député d’Arivonimamo, Antoine Rajerison. Cet incident a enflammé davantage les esprits, avec des partisans du député et d’autres manifestants dénonçant la répression politique. « Dès que nous avons appris l’arrestation d’un député en exercice, nous nous sommes réunis pour le retrouver et revendiquer l’application de la Constitution », a réagi un groupe de soutien. Les élus de la Chambre basse ont exprimé leurs indignations. « Personne ne doit être arrêté pour s’être exprimé, surtout s’il s’agit d’un député élu », ont-ils réagit. Selon eux, l’urgence est d’arrêter la violence, quelle que soit son origine.
Ingéniosité
Face à la répression, les manifestants, rassemblant désormais des étudiants, des influenceurs sur les réseaux sociaux, des artistes et même des sportifs, semblent redoubler d’ingéniosité. Le rassemblement à Ankatso étant désormais stérile, chaque manifestant cherche désormais à se rendre à Ambohijatovo pour poursuivre la lutte. La détermination est palpable, et cette mobilisation semble loin d’être terminée. Les revendications de justice sociale, de transparence et de démocratie semblent plus fortes que jamais. Les étudiants ne comptent pas laisser leurs voix se perdre dans le tumulte de la répression. En tout cas, des manifestations de plus en plus virulentes se sont tenues dans la capitale, jeudi, samedi et hier. Faisant ainsi des blessés et plusieurs arrestations.
Julien R.
L’autre point d’orgue de la journée d’hier ce sont les tirs de balles réelles avec des kalachnikov par les Hery mpamoretana ! Le haut commissariat de l’ONU est indigné surtout on répertorie 22 morts !