Par manque de moyens, les détenus de la Maison Centrale d’Antanimora voyagent soit à pieds, soit en taxi-be pour assister à leur procès.
Tous les jours, au moins trois taxis-be font l’objet d’une location par la prison d’Antanimora. Ces véhicules de transport en commun de la zone urbaine assurent le transport des prisonniers pour le voyage aller-retour entre la prison et le Tribunal Anosy. Ils remplacent donc les deux véhicules de l’administration pénitentiaire qui ne sont plus en état de marche depuis presque deux ans. Pour un voyage aller simple (prison d’Antanimora jusqu’au Tribunal Anosy), un taxi-be est loué à 12 000 Ar. Donc, pour un aller-retour (prison – tribunal – prison), la location est de 24 000 Ar par véhicule. Alors les 3 taxis-be sont loués à 72 000 Ar par jour. «Les membres du personnel de la prison doivent cotiser quotidiennement pour avoir cet argent. Des fois, ils bénéficient de l’aide des généreux», explique le Cdt Olivier Rakotonandrianina, chef d’établissement à la Maison Centrale d’Antanimora. Il a toutefois souligné que c’est «une mesure provisoire». «C’est seulement en attendant l’aide venant de l’Etat et/ou de ceux qui veulent prêter main forte à l’établissement», rajoute-t-il. N’empêche que cette disposition «provisoire» n’est pas sans risques, ne serait-ce qu’en termes d’éventuelles tentatives d’évasion des détenus. Surtout que des fois, si les détenus sont peu nombreux à bénéficier d’un procès, il n’est plus question de louer des taxis-be. Les prisonniers voyagent, soit à pieds, soit aux côtés des voyageurs pour venir ou rentrer du Tribunal. C’est trop déplorable.
Efforts titanesques. Concernant les deux véhicules titulaires de la prison d’Antanimora, à l’heure actuelle, l’un d’eux est visible dans la cours de l’établissement, sur cales et sans moteur. Pour ce qui est de l’autre, peut-être qu’il a été mis dans un garage. «Nous avons déjà tout tenté pour les remettre en état de marche, mais c’est sans espoir. Le mieux, c’est de les remplacer», poursuit le Cdt Olivier Rakotonandrianina. Il lance ainsi un appel à l’Etat et aux généreux pour le remplacement de ces véhicules actuellement hors d’usage. Visiblement, la défectuosité des différentes infrastructures de l’administration pénitentiaire malgache est manifeste. Et ce, presque sur tous les plans. A ce titre, faut-il rappeler qu’à Antanimora, chaque chambre accueille plus de 70 détenus, au lieu de 20 au maximum. Une promiscuité intense. Sans parler du manque important de moyens humains, financiers, et matériels pour l’administration. Des efforts titanesques de la part de l’Etat et de ses partenaires sont alors indispensables si l’on veut penser à l’amélioration des prisons et des conditions d’incarcération des détenus.
Arnaud R.
