Après avoir « flotté » pendant quelques mois après le naufrage du navire HVM et tenté vainement de nager dans les eaux du nouveau régime, d’anciens barons des « cravates bleues » se sont vus jeter des bouées de sauvetage pour éviter la noyade.
Tazafy Armand, Rakotomamonjy Neypatraike, Raharimalala Marie Lydia et Ramamonjisoa Virapin. Les trois premiers sont d’anciens ministres HVM et le quatrième, ex-Consul général de Madagascar à La Réunion. En plus d’avoir nagé dans le bleu sous le précédent régime, ils ont pour autre dénominateur commun de faire partie de l’administration fiscale, quoique deux d’entre eux seulement appartiennent au corps des inspecteurs des impôts. Il s’agit de l’ancien ministre de l’Industrie et du Développement du Secteur privé ainsi que de son ex-homologue des Postes, des Télécommunications et du Développement numérique. De son côté, Raharimalala Lydia est issu du corps des enseignants. Elle était d’ailleurs ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation professionnelle avant d’obtenir par la suite le portefeuille de l’Emploi. Virapin Ramamonjisoa est pour sa part planificateur principal.
Incompatible. Les quatre ex-ceci et anciens cela ont aussi pour point commun d’avoir été candidats aux dernières législatives. Même s’ils se sont abstenus de porter les couleurs du HVM pour se présenter sous le label indépendant, trois d’entre eux, en l’occurrence, Tazafy Armand, Raharimalala Lydia et Ramamonjisoa Virapin, ont été battus à plate couture par les candidats de l’IRD respectivement à Farafangana, Fandriana et Fianarantsoa. Seul Rakotomamonjy Neypatraike a réussi à se faire élire député à Ihorombe. Du coup, il est soumis à l’article 71 alinéa 1er de la Constitution qui dispose que « le mandat de député est incompatible avec l’exercice de tout autre mandat public électif et de tout emploi public, excepté l’enseignement ». Or, il vient d’être « affecté à la Direction Générale des Impôts Antaninarenina » par note de service en date du 8 février 2020 signée par le Directeur général des Impôts, Germain. C’est dire que pareille note de service est manifestement anticonstitutionnelle.
Manoeuvre. Nonobstant le fait que c’était un samedi, on est aussi en droit de se demander si c’était postdatée puisque le signataire se trouvait à l’extérieur au moment de la publication sur les réseaux sociaux de cette note de service qui consacre le retour en force des quatre anciens barons du HVM tous « affectés à la Direction Générale des Impôts à Antaninarenina ». Même s’ils sont, selon la formule consacrée « remis à la disposition de leur Administration d’origine », pareil retour « par silence » est mal perçu dans les hautes sphères où l’on vient tout juste de limoger le SG du ministère de l’Economie et des Finances. Sans aller jusqu’à parler de corporatisme ou de clientélisme, encore moins de solidarité du Grand Sud, on s’interroge en haut lieu sur l’objectif inavoué de cette manœuvre de récupération à la DGI. Et ce, compte tenu du parcours des réintégrés qui étaient pro-TGV sous la Transition avant de changer de couleur durant le premier quinquennat de la Quatrième République. Un retournement de veste voire une trahison que l’actuel président de la République n’est pas près d’oublier. « La Transition m’a permis de connaître les mentalités de bon nombre de gens », nous a-t-il confié. Laissant entendre par là qu’un homme averti en vaut …quatre.
R. O