
C’est dans un Antsahamanitra hurlant et plein à craquer que le groupe Mahaleo a chanté pour ses 50 années de scène. Un concert nimbé d’émotions et de communion.
Un Mahaleo à guichets fermés à Antsahamanitra hier en début d’après-midi, rien d’exceptionnel. Mais la mixité de son public, avec cette forte présence de la jeunesse, étonnera toujours. Dès 10h, les couloirs et les lieux de communion autour d’un verre attirent des groupes de jeunes, venus en famille ou entre « potes ». Deux heures après, une file s’allonge jusqu’au palais d’Ambohitsorohitra.
C’est un grand classique à chaque concert de ce groupe mythique. Ces petits essaims parsèment Isoraka et Antaninarenina. Des troupes de fans sont venues des heures avant, se préparant mentalement à l’événement en ingurgitant quelques verres de nectar des dieux. Tandis que dans les gradins de ce théâtre de verdure, des groupes de sexagénaire pique-niquent.
Sandwich à la main, Gabriel Ramanantseheno se réjouit. « J’ai grandi avec eux, quand ils ont débuté ils avaient dix-huit ans, j’avais aussi alors dix-huit ans. À travers leur musique, je peux dire que nous avons grandi ensemble ». Au fond, même si tout le monde s’accorde sur le grand vide laissé par Raoul, Nonoh, Dadah, Charles et Fafah, la présence des inconditionnels est aussi une manière de soutenir Bekoto et Dama, les derniers survivants de Mahaleo.

Bekoto est apparemment impatient de se retrouver devant son public, de ressentir la chaleur et la communion. Un grand rendez-vous pareil, cela fait des années que le « band » en a fait. Covid-19, disparition des membres dans un court laps de temps, il fallait « chanter pour conjurer le deuil », a annoncé Dama quelques jours auparavant.
Avant le début des choses sérieuses, un orateur a invité le public à se lever pour rendre hommage à Mahaleo, pour son parcours exemplaire. Les milliers de spectateurs et spectatrices exultent. La communion est déjà installée. « Je n’ai déjà plus de voix alors que les chansons n’ont pas encore commencé.»
Dans la première partie, le public s’amuse sur les petites mésaventures de Bekoto. “Une petite erreur”, signale ce dernier. Tout Antsahamanitra rigole avec compréhension. Dama lui supplée, le morceau “Razazavavy”, prend une autre dimension. Les fils de Bekoto, Dama et Fafah ont pris le relais un instant sous l’ovation du public. Voilà, le concert de lancement des 50 années de scène d’une légende est lancé. Les chansons comme « Veloma ry fahazazana », « Vololona », « Nenina », “Adin-tsaina” et bien d’autres sont entonées par Dama et Bekoto. La légende continue.
Maminirina Rado