En général, c’est pour échapper au contrôle de l’âge dans les endroits interdits aux mineurs.
Avec leur âge, ils sont mineurs, mais majeurs administrativement parlant. Pourquoi? Parce qu’ils ont déjà, malgré leur jeune âge, leur carte d’identité nationale. Ces «ils» indiquent alors les jeunes qui ne devraient pas encore être munis de CIN dans la région Diana. Mais pour des raisons à caractère plutôt «économiques», ils en ont avant même d’avoir 18 ans. C’est une réalité à Antsiranana, à en croire Marcelin Totozandry, directeur régional du ministère de la Population, de la Protection Sociale, et de la Promotion de la Femme (MPPSPF), basé à Antsiranana. Le fait est que les mineurs, en particulier les jeunes filles, s’empressent d’avoir des CIN, pour esquiver les contrôles d’âge et d’identité parfois effectués par les forces de l’ordre dans les endroits et les moments inappropriés aux mineurs. Des contrôles qui ont pour but de lutter contre la prostitution des mineurs. La question est alors de savoir comment ont-ils pu obtenir ce document administratif confirmant qu’ils ont 18 ans, tout en restant mineurs? Dans ce cas, beaucoup s’accorderaient à dire que la corruption a encore fait son effet.
40%. En fait, la prostitution des jeunes malgaches, en particulier les filles, ne cesse de prendre de l’ampleur et de gagner du terrain. Et Marcelin Totozandry, de souligner que de plus en plus de jeunes, y compris les mineurs, se livrent à la prostitution à Antsiranana, malgré les interdictions. «La pauvreté a souvent tendance à pousser ces jeunes, incluant les mineurs âgés en général de 14 à 17 ans, à se prostituer. Et la situation est plus grave dans les milieux ruraux. D’ailleurs, une enquête sectorielle sur la santé reproductive des jeunes, réalisée en 2013 dans la région Diana, a montré que 40% des jeunes filles sont amenés à faire leur premier rapport sexuel, malgré leur jeune âge, à cause de la pauvreté», rajoute-t-il.
Missionnaires. La prostitution des jeunes inclut souvent le tourisme sexuel. «Toutefois, il est à souligner que les jeunes ne sont pas seulement attirés par les «vazaha», mais par tous ceux qui leur montrent assez d’argent. Peu importe alors leur nationalité, il suffit qu’ils aient assez de moyens financiers et matériels et c’est tout», dixit le directeur régional du MPPSPF. Dans ce sens, les missionnaires de tout genre risquent également d’être pointés du doigt. Et les rencontres se font souvent dans les boîtes de nuit.
Arnaud R.
