Voir enfin l’eau couler des robinets. Cet évènement banal sous d’autres cieux est devenu une réalité pour Victor et sa famille, habitants de Sabotsy Namehana. Comme pour de nombreux habitants de la capitale, et des différentes localités de la Grande île d’ailleurs, ils ont souffert du manque criant d’eau depuis des années.
Infrastructure dédiée. Depuis près de trois ans, faute de pression suffisante, ils ont dû s’approvisionner auprès des marchands d’eau. Un budget conséquent pour la famille en plus des charges habituelles alors qu’ils sont raccordés au réseau de distribution de la Jirama. Mais depuis la fin du mois d’avril, leur calvaire est terminé : l’eau est de nouveau disponible dans leur foyer, grâce à l’opérationnalisation de l’unité de traitement d’eau conteneurisée, située à Sabotsy-Namehana. Cette infrastructure est dédiée à la zone nord de la capitale. A son image, 8 sites devraient combler les déficits de la capitale qui atteignent près de 100 000 mètres cubes par jour avec une capacité de traitement in situ de 100 mètres cube par heure. Les unités de traitement d’Anosizato et d’Ankadindratombo sont déjà opérationnelles, en attendant celles de Mandikanamana, d’Amporiaka (Ambohidrapeto), d’Ampasika, de Tanjombato et d’Ivato.
Conditions de vie. D’après les informations que nous avons pu recueillir, une unité coûterait au bas mot 1 milliard d’ariary sans les coûts d’installation. L’ensemble du projet coûtera donc près de 8 milliards d’ariary, hors coûts d’installation ; ce, sur financement propre de la Jirama. Pour une compagnie qui est à l’agonie financièrement, l’effort est conséquent mais nécessaire pour soulager une population. Pour pouvoir parler de conditions de vie acceptables, l’OMS précise qu’il faut 50 litres d’eau par jour pour chaque être humain. Ce qui est encore bien loin pour les Malgaches vivant aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Rien que dans la capitale et ses périphéries, de nombreux quartiers sont encore privés d’eau.
Plan d’amélioration opérationnel. Avec la mise en place des water point services, des unités de traitement d’eau conteneurisées ainsi que le renouvellement de 90 km de canalisation avec la compagnie TRG, la Jirama affiche de grandes ambitions pour la desserte en eau pour la capitale. Mais pour cela il faut de l’argent qui est le nerf de la guerre. La question est de savoir si la compagnie nationale a les reins suffisamment solides pour mener à bien son plan d’amélioration opérationnel dans le secteur de l’eau alors qu’elle enregistre d’importantes pertes financières chaque année. Même si la compagnie ne vend pas à perte l’eau, contrairement à l’électricité, les investissements sont conséquents pour étendre le réseau et pour desservir de plus en plus de localité. La seule piste qui est réaliste pour la Jirama pour le moment est l’amélioration de recettes à travers une structuration tarifaire qui pourrait faire des mécontents une nouvelle fois, mais qui pourrait s’avérer profitable pour l’ensemble de la population.
José Belalahy