
Il est connu en tant que député de Madagascar et Vice-président de l’Assemblée nationale. Mais Honoré Rasolonjatovo dit Papasolo, puisqu’il s’agit de lui, est aussi un opérateur économique malgache bien connu dans le secteur de la distribution de produits de première nécessité. Et c’est justement avec sa casquette d’opérateur économique et dirigeant de la Société Commerciale Mahasoa qu’il réagit par rapport à la hausse des prix des produits de première nécessité. Une fois de plus, il milite pour un respect du circuit de distribution dans le secteur du commerce à Madagascar.
Interview.
Midi Madagasikara. D’après vous, quelles sont les causes de l’inflation qui s’aggrave de plus en plus ces derniers temps.
Honoré Rasolonjatovo. Effectivement, comme tout le monde, nous constatons que les consommateurs urbains et ruraux se plaignent de la hausse actuelle des produits de première nécessité. Cette situation trouve avant tout son origine dans le fait qu’à Madagascar, plus de 80% des besoins en PPN sont importés. Or, ces derniers temps, les cours mondiaux de pratiquement tous les PPN ont flambé car les offres ont diminué en raison de la pandémie de Covid-19. Parallèlement, les coûts du fret maritime ont pratiquement doublé. Et encore les flottes de PPN ont diminué, toujours à cause de la crise sanitaire.
M.M. On dirait que vous parlez surtout des raisons externes ?
H.R. : Evidemment que non. Car en fait et comme je l’ai toujours dit, le plus grand problème de l’approvisionnement en PPN à Madagascar c’est que le circuit normal de distribution n’est jamais respecté. L’on n’arrive toujours pas à différencier correctement les importateurs, les grossistes et les détaillants. Les responsables actuels font des efforts pour rappeler tout le monde à l’ordre, mais les profiteurs continuent toujours de faire leur loi. Résultat, il y a toujours des importateurs qui font également office de grossistes et de détaillants. Et cette perturbation fait énormément de mal au secteur du commerce. Pour moi, c’est une concurrence déloyale et il faut y mettre un terme si l’on veut que les prix reviennent dans leur situation normale. Bref, seul un respect rigoureux des lois sur le commerce permettra de freiner cette hausse vertigineuse des prix des PPN à Madagascar.
M.M. : Mais en attendant cette solution, les prix du riz notamment, continuent de grimper. D’après vous, quelles sont les solutions d’urgence?
M.M. Vous avez raison, et c’est vraiment dommage non seulement pour les consommateurs, mais aussi pour nous, les opérateurs, qui sommes également victimes de cette hausse des prix, en ce sens que nous ne pouvons pas appliquer les marges normales au risque de ne rien vendre. Je pense que, surtout en raison de l’approche de la période de soudure, il faut inonder le marché en important au maximum. Cela permettra de stabiliser automatiquement les prix de l’Etat aussi bien que les opérateurs économiques doivent importer. Pour résumer, résoudre les problèmes de prix des PPN, surtout le riz, ne relève pas uniquement du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat. C’est l’affaire de tous, y compris les opérateurs économiques qui doivent jouer le jeu normal d’une concurrence saine.
M.M. Le mot de la fin.
H.R. Je pense qu’il est plus que jamais temps d’engager une lutte sans merci contre les agissements des spéculateurs qui ne pensent qu’à faire le maximum de profits. Tout le monde doit être sur le même pied d’égalité en ce qui concerne les impôts et les contrôles.
Propos recueillis par R.Edmond.