
Sur le court terme, la priorité du gouvernement reste de répondre à la crise de la COVID-19 en déployant des mesures d’urgence efficaces destinées à sauver des vies, préserver les entreprises productives et les emplois.
Des interventions supplémentaires seront nécessaires pour prévenir une deuxième vague de la pandémie de COVID-19 à Madagascar, tandis que les mesures de protection sociale et de soutien au secteur privé existantes devraient être intensifiées si la crise persiste en 2021 qui sera par ailleurs l’année du développement numérique
Avantages obtenus
Mesures barrières obligent, de nombreuses entreprises malgaches ont opté pour le travail à distance. Une nouvelle façon de travailler qui tend actuellement à devenir la règle même après le déconfinement en raison des avantages obtenus par les entreprises. « Le travail en ligne nous a non seulement permis de gagner du temps mais a considérablement réduit les charges de transports », témoigne un chef d’entreprise spécialisée dans la communication. Cette tendance vers les solutions numériques se généralise et est encouragée par les bailleurs de fonds. À l’instar de la Banque mondiale qui reconnaît que la crise de la COVID-19 pourrait permettre d’accélérer l’émergence de solutions numériques. « Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont encouragé le recours aux technologies numériques, offrant ainsi une occasion unique pour accélérer la dématérialisation des services publics et de l’économie », selon l’institution de Bretton Woods.
Obstacles
Cependant, même si elle est intéressante, la solution numérique n’est pas gagnée d’avance en raison des obstacles qu’il faut surmonter en matière de bancarisation et d’accès Internet. « Il reste de ce point de vue des obstacles majeurs puisque seuls 18 pour cent de la population adulte possèdent un compte bancaire ou se sert d’argent mobile (contre une moyenne de 43 pour cent en Afrique subsaharienne) et les connexions haut débit sont inabordables pour la plupart des habitants» selon toujours la Banque Mondiale qui suggère, entre autres, la réduction des coûts d’accès aux nouvelles technologies des télécommunications . « Pour accélérer la dématérialisation, il conviendra d’améliorer le cadre réglementaire des télécommunications pour réduire les coûts d’accès, déployer d’ambitieux programmes de formation au numérique en appui à la dématérialisation, accélérer le passage du gouvernement à des supports électroniques par l’adoption de normes de service, améliorer la qualité de la prestation de services et instaurer des systèmes d’identification électronique, par exemple pour le registre d’état-civil, et l’ identification ».
Soutiens de l’Etat
Bref, la solution numérique constitue une des meilleures options pour sauver les entreprises qui doivent, par ailleurs, continuer à bénéficier des soutiens de l’État pour éviter la faillite. En évitant la faillite d’entreprises productives et le licenciement de travailleurs productifs, des mesures de soutien ciblées aux entreprises et aux travailleurs peuvent favoriser une reprise plus rapide et plus solide. Essentielles pendant la crise, ces mesures d’urgence devraient néanmoins être supprimées en suivant un calendrier transparent pour éviter de grever les finances publiques et de créer des distorsions de marché. Au-delà de ces mesures d’atténuation à court terme, l’investissement et la création d’emploi devront être stimulés par des réformes facilitant l’octroi de permis, l’accès au crédit, l’accès à l’électricité, l’enregistrement de la propriété, l’exécution des contrats et le règlement des faillites. Dans le contexte actuel, il pourrait s’avérer particulièrement utile de disposer d’un régime d’insolvabilité et d’un cadre juridique pour la restructuration des dettes, de politiques publiques visant à faciliter l’accès au financement en fonds propres, à promouvoir la formation professionnelle et à encourager la création d’entreprises »
Recueillis par R.Edmond