Les voitures ne sont ni des Mercedes dernier cri ni des blindés servant au transport du Chef de l’Etat, mais leurs coûts de réparations sont exorbitants, à hauteur de plusieurs centaines de millions d’ariary. C’est juste des tout-terrains de type pick-up. Ces véhicules sont utilisés pour une campagne dénommée Roadlab qui consiste à relever des données dans le cadre d’un projet financé par la Banque mondiale pour le compte de l’Autorité Routière de Madagascar (ARM). Dans le cadre d’une campagne de relevé du réseau routier par la méthode d’Indice d’Accès Rural, l’ARM a été soutenu par le bailleur sus-indiqué dans la composante « réhabilitation des infrastructures vitales et atténuation des risques ». Tout cela entre dans le cadre du projet d’urgence pour la préservation des infrastructures et la réduction de la vulnérabilité (Pupirv). Une partie du financement est allouée à la réparation des voitures des chargés d’itinéraire. Il est prévu dans le terme de référence l’entretien et la réparation de 21 voitures sur une base de 315 millions d’ariary (MAr). Le document initial prévoit un coût unitaire de 15 MAr avec un plafonnement de 17,5 Mar en cas de remplacement des roues. Le scandale commence lorsqu’il y avait des réparations sans le moindre respect des règles de l’administration publique et de passation de marché. Primo, aucun établissement de bon de commande ni contrat de réparation. Le gestionnaire du crédit n’a été ni notifié ni consulté et de surcroît l’opération de réparation s’est faite sans aucune signature apposée par ce responsable et son collègue, une double signature qui est impérative pourtant pour le cas du genre. Ce n’était qu’après les actes de réparation que le concessionnaire réclame le bon de commande incluant le changement de moteur, une opération qui, normalement, est non éligible par le bailleur. Rien que pour une voiture, le coût avoisine les 37Mar, soit le double du plafonnement admissible. Deuxièmement, une source auprès de l’ARM révèle l’existence d’une double facturation pour une même voiture. Outre la réparation qui ne trouve aucune non-objection de la part du bailleur, malgré le coût exorbitant et dépassant le plafonnement, la facture salée est aussi déduit au compteur du fonds de l’entretien routier (FER). Saisi de cette affaire de suspicion de détournement de fonds, de corruption à grande échelle et de double facturation, le Bianco a ouvert une enquête.
D.R