Il a longtemps nourri l’idée, sans jamais le réaliser. Aujourd’hui, c’est chose faite, puisque Mossieu Njo a décidé de prendre les taureaux par les cornes et tenu son expo qui sera disponible pendant trois semaines.
« Et si Jean Joseph Rabearivelo était une nonne? ». Osée comme réflexion mais révolutionnaire, il faut le reconnaître. Le poète est reconnu et respecté de tous. Il est donc, pour certains, inconcevable de l’imaginer autrement. Mais ce n’était pas sans compter sur Mossieu Njo. Cet artiste contemporain, évoluant dans le psychédélisme, a en effet eu l’audace de partager ses rêveries qu’il a matérialisées en expo. Expo qui porte d’ailleurs le même titre que sa réflexion « Et si JJR était une bonne sœur ? ». Pour mieux comprendre son raisonnement, il nous éclaire. « C’était une sorte de fixation anodine et une obsession particulièrement douteuse, quoique exquise. Elles naquirent en moi petit à petit au fil des années. Dans un premier temps, pour le poète immense et suicidé Jean Joseph Rabearivelo. Je ne connais hélas que trop peu de choses sur lui, comme la plupart d’entre nous il me semble. Quelques poèmes intemporels par-ci, des bribes de vie par-là. Mais je trouve particulièrement beau son suicide. Oui, beau est le terme. Tragique certes mais beau. Pourquoi ? Je ne saurais trop vous le dire… Peut-être à cause de ces histoires d’amour qui n’existeraient dans nos cœurs que grâce à leur fin éternelle. Peut-être, je ne saurais trop vous le dire. Pour ce qui est de la bonne sœur, c’est arrivé en moi comme ça. Je rêvais debout sûrement, comme on dit ici. Les bonnes sœurs me fascinent. Pourquoi ? Encore une fois, je ne saurais trop vous le dire. Leurs vœux de chasteté peut-être. Ainsi, en réunissant les deux, je me suis demandé ce qui se passerait dans la tête de notre immense poète s’il croyait être (pour de vrai) une bonne sœur. Cette exposition/performance en est le témoin privilégié ». Cette expo sinon singulière, du moins osée, se tiendra dans les locaux du Craam, dans l’enceinte de l’Université d’Antananarivo, jusqu’au 12 février.
Mahetsaka