L’Asie -Pacifique est une zone de tensions diverses où les ambitions des uns présentent des menaces réelles pour les autres. Trois grandes puissances veulent toutes imposer sa suprématie dans cette région. Les exercices militaires se poursuivent et la course aux armements est de plus en plus rude entre la Chine, le Japon et la Corée du Nord. La question territoriale et de souveraineté est l’une des raisons qui fragilise la paix dans cette partie du globe. Le Japon, une des grandes puissances de l’Asie -Pacifique a adopté une nouvelle politique sécuritaire pour faire face à toutes ces menaces.
Une alliance historique Etats-Unis – Japon
La menace balistique et nucléaire nord-coréenne est permanente, l’expansion chinoise sur le continent asiatique qui avance d’une vitesse grand « V » oblige le Japon à ne pas rester les bras croisés pour la défense de son territoire. L’alliance nippo-américaine devient l’une des plus remarquables dans le monde au lendemain de la seconde guerre mondiale. Cette alliance reste l’un des garants majeurs de la stabilité en Asie et assure la sécurité du Japon vis-à-vis de ses voisins. Pour Tokyo, l’alliance reste le pivot de sa stratégie de défense dans la région. Shinzo Abe a été l’un des tout premiers dirigeants étrangers reçus par Donald Trump, le 17 novembre 2016 après son élection. Depuis 2010, le Japon a accéléré la normalisation de sa posture de défense, fortement contrainte par des normes antimilitaristes depuis 1945. En décembre 2013, la Stratégie de Sécurité Nationale (NSS) a été adoptée. Le budget militaire du gouvernement du Japon n’a cessé d’augmenter ces dernières années pour faire face à la politique chinoise. Pour 2019-2020, le budget a atteint près de 48 millions de dollars. Au Japon, plus de 50 000 militaires américains sont stationnés sur le territoire japonais, et le président Trump appelle maintenant les Japonais à augmenter la contribution des troupes dans la région de plus de 2 milliards de dollars. « Nous devons être prêts à tout scénario, et quelqu’un a dit qu’il n’y avait pas d’alliances et d’amis pour toujours. Mais maintenant, les États-Unis et le Japon ont besoin l’un de l’autre « , a fait savoir, une source auprès du ministère de la défense du Japon.
Les questions territoriales : Senkaku, Takeshima, les Îles du Nord
Le Japon réitère que les Îles Senkaku situées dans la mer de Chine méridionale fait partie intégrante de son territoire au vu de la réalité historique et du droit international. La Chine et Taïwan se disputent aussi de la souveraineté de ces îles depuis les années 1970. Administrées actuellement par le Japon à travers la préfecture d’Okinawa, le gouvernement de Pékin s’active aussi pour réclamer l’appartenance de ces îles. Situées dans un endroit stratégique, les deux pays se disputent les cinq îles dont la superficie varie de 800 m2 à 4,3 km2. Ces îles permettent au Japon d’étendre sa zone économique exclusive et son influence dans cette région très convoitée. Lors de notre visite au Musée national de la Souveraineté et du territoire, l’historique de l’appartenance de ces Îles au Japon y est exposée ,surtout la lettre de 1920 du consul chinois à Nagasaki sur la reconnaissance par la Chine de l’appartenance des îles Senkaku à Okinawa ,ce qui veut dire au Japon. Et le traité de Paix de 1951 à San Francisco, signé par le Japon et plus de 40 pays, qui évoque que les îles Senkaku appartiennent au Japon, mais sous administration américaine. Mais en 1971, trois pays se disputent à savoir le Japon, la Chine et Taïwan. Ces trois pays ont tous renommé des Iles:
Senkaku pour les Japonais, Diaoyu pour les Chinois et Diaoyutaia pour les Taiwanais. Depuis, la situation a évolué surtout entre la Chine et le Japon, mais, qui n’a jamais abouti à des affrontements armés malgré les rivalités. Cette situation des îles Senkaku a obligé les deux pays à moderniser leur flotte en particulier les Garde- côtes. Les navires chinois sont de plus en plus nombreux à être présents aux alentours de Senkaku depuis 2018 et surtout au début de cette année 2020. » Nous essayons de ne pas aggraver la situation » a souligné, Osamu Takahashi de la garde -côte japonaise. « Les États-Unis sont prêts à se battre pour nous, et cela dissuade fortement la Chine« , a déclaré un responsable du gouvernement japonais. La question des îles du Nord avec la Russie a commencé au milieu du XXe siècle. Il existe un différend territorial entre les deux pays sur les îles Kouriles, situées entre Kamceatka et Hokkaido. « Nous devons être prudents à ce sujet, en particulier du point de vue de ce que nous avons vu se produire en Ukraine« , a déclaré un responsable du ministère japonais des Affaires étrangères. Les Japonais surveillent en permanence les mouvements des Russes aux frontières asiatiques. Après la Chine et la Corée du Nord, les Japonais ont placé la Russie sur la liste restreinte des préoccupations stratégiques. L’autre question territoriale oppose la République de Corée et le Japon sur les Îles Takeshima. L’archipel de Takeshima se trouve dans la mer du Japon, à environ 158 km au nord-ouest des îles Oki, à 37°14’ de latitude nord et à 131°52’ de longitude est. Il est rattaché administrativement à la ville d’Okinoshima, département de Shimane. D’une superficie totale de 0,20 km2, Takeshima est constituée de deux îles, l’île de Higashijima (Mejima) et l’île de Nishijima (Ojima) et de nombreux îlots. Actuellement, elle est occupée par la République de Corée depuis 1945 et jugée sans fondement juridique international par le gouvernement japonais. En ce qui concerne la souveraineté de ces îles rocheuses, le Japon continuera à rechercher un règlement du litige fondé sur le droit international de manière calme et pacifique. Des preuves sur l’occupation japonaise dans ces îles sont exposées au musée national du territoire et de la souveraineté à Tokyo. Un musée qui est ouvert au public surtout pour parler de l’histoire et de faire connaître aux nouvelles générations la souveraineté territoriale sur les Îles Senkaku, Takeshima et les Îles du Nord.
La Chine-le Japon, deux poids économiques en Asie
Historiquement, les deux pays sont liés et sont considérés comme des « frères ». La relation bilatérale est de plus en plus importante pour l’un et l’autre malgré les questions de divergences territoriales. La Chine est la deuxième puissance économique du monde et le Japon, la troisième et ils sont condamnés à coopérer surtout économiquement. En 2018, plus de 10,07 millions de Chinois et de Japonais ont voyagé d’un pays à l’autre ,soit près de 20.000 échanges de personnes par jour. Ils sont près de 8,4 millions de Chinois à visiter le Japon que ce soit pour le tourisme ou pour les affaires. La Chine est le premier partenaire commercial du Japon et le Japon est le deuxième partenaire des Chinois après les Américains. Le volume commercial a augmenté de plus de 250 fois en 45 ans. En outre, 30 000 entreprises japonaises opèrent en Chine et la diaspora japonaise en Chine est le deuxième plus grand partenaire, après les États-Unis.
Dossier réalisé par Tanjona HARIJAONA en collaboration avec l’Ambassade du Japon à Madagascar.