
Le député d’Antalaha demande au Samifin d’apporter les preuves de ses accusations.
« Ma femme, c’est mon cœur. S’attaquer à elle, c’est porter atteinte à ma vie. » Cet avertissement à peine voilé vient du député Laisoa Jean Pierre dit Jaovato qui ne veut visiblement pas céder à ce qu’il qualifie de « tentative de corruption ». En effet, cinq jours après le lancement d’une convocation à l’endroit de sa femme pour « opérations de blanchîment de capitaux », l’élu d’Antalaha demande publiquement au Samifin (Service de Renseignement Financier) d’apporter les preuves de ses accusations. « Prouvez-moi au nom de la transparence que ma femme est coupable. Si vous n’avez pas de preuves irréfutables contre elle, c’est moi qui vais les apporter lors d’une conférence de presse pour démentir vos accusations gratuites dans un rapport d’inculpation qui est visiblement monté de toutes pièces.», prévient le député Jaovato.
Anti-développement. L’élu d’Antalaha ne cache pas sa stupéfaction : « Ce qui m’étonne vraiment dans cette affaire, c’est que l’actuel DG du Samifin qui a signé le rapport envoyé au procureur de la République du tribunal de Première Instance d’Antananarivo n’est en place que depuis seulement quelques mois, alors qu’il est déjà en mesure d’accuser ma femme de blanchîment de capitaux. Une entreprise de ce genre ne nécessite-t-elle pas une investigation approfondie de plusieurs mois, voire de plusieurs années ? Je réitère que la démarche du Samifin est qualifiable d’« anti-développement ». Confronté aux pressions des bailleurs de fonds, ce service de renseignement financier est en train de sacrifier un opérateur malgache pour obtenir des financements. Je m’oppose de toutes mes forces à ce principe et je lance un appel aux opérateurs malgaches pour ne pas se laisser faire. Jusqu’à présent, 48 opérateurs malgaches dans la région SAVA font l’objet d’interdiction bancaire. »
Depuis 2000. A signaler par ailleurs que le député Jaovato n’hésite pas à faire constater que l’action du Samifin tend à compromettre son image vis-à-vis du président de la République Hery Rajaonarimampianina, qu’il a financièrement et matériellement soutenu durant la campagne du 2e tour des Présidentielles de 2013. « Mon soutien lui a permis d’obtenir 76% des voix dans la SAVA, s’il n’y a recueilli que 6% des suffrages lors du 1er tour. La région SAVA a réalisé le plus beau score dans tout Madagascar.», martèle Jaovato. Et lui de rappeler : « Sur les 25 candidats aux Législatives, la population d’Antalaha m’a élu député avec 33% des voix. Me traiter de malfaiteur, c’est insulter mes électeurs. » Sur son activité professionnelle, l’élu d’Antalaha de préciser : « Je suis opérateur en bois de rose depuis 2000, avec toutes les autorisations nécessaires. Pour moi, c’est une activité comme toute autre, étant donné que ce bois précieux de deuxième catégorie fait partie de nos ressources naturelles qui doivent être gérées rationnellement et équitablement selon le préambule de l’actuelle Constitution», clarifie-t-il.
Antécédent judiciaire. Laisoa Jean Pierre de préciser : « Dans l’exercice de cette activité, je n’ai jamais connu de problème avec la Justice et je n’ai pas d’antécédent judiciaire. Actuellement, je suis complétement sidéré d’apprendre que je suis coupable d’actes de blanchîment d’argent, d’après un rapport rédigé par le Samifin, en date du 14 Avril 2016. A noter que dans ledit rapport, il est stipulé clairement que les opérations d’exportation ayant généré des recettes, ce qui soit dit en passant, relèvent de la pure logique et se sont effectuées dans un cadre légal ; il m’est cependant reproché d’avoir soit disant dépassé le quota qui m’a été octroyé, ce que j’invite les autorités du Samifin à prouver, puisque je n’ai pas du tout mis à profit l’opportunité qui a été offerte par les autorités de l’époque suivant l’arrêté inter- ministériel portant le numéro 38244 du 21 Septembre 2009, et l’arrêté interministériel additionnel N°38409 du 5 Octobre 2009, portant autorisation d’exportation à titre exceptionnel, de 25 containers par opérateur. En tout cas, laissez ma femme tranquille ! Dans le rapport du Samifin, c’est moi qui suis l’auteur principal des infractions évoquées, alors que ce n’est pas moi qui suis convoqué devant la chaîne pénale. Je tiens à préciser qu’une déclaration d’un président vaut loi et que la non-rétroactivité de la loi fait partie des principes généraux de droit. Quoi qu’il en soit, je suis prêt à me présenter devant la chaîne pénale si on me convoque. A rappeler que le 25 janvier 2014, lors de son investiture à Mahamasina, le président Hery Rajaonarimampianina a bien annoncé: « Tsy hanao haza-lambo ny telo aloha, fa ny manaraka no tsy azo atao intsony.»
Recueillis par R. Eugène