On avait déjà prédit que la bataille serait rude parce que les dés semblaient pipés. La main devrait passer aux anglophones jugeant être trop sevrés pendant plus de trente ans de mainmise des francophones à la tête d’une organisation continentale prestigieuse et d’un, et de deux, qu’une cabale à son encontre allait être préparée et, enfin, qu’Infantino préparait sa réélection à la tête de la Fifa. Cette intervention inattendue du TAS (Tribunal arbitral du sport) ne fut qu’une mise en scène pour entretenir un suspens qui n’en était pas un. L’épilogue de l’élection du président de la Caf (Confédération africaine de football) a révélé ce qui n’était qu’une mise en scène écrite d’avance. Au nom d’on ne sait quoi unité africaine, le bouc émissaire tout trouvé a été la personne d’Ahmad, quelqu’un venu d’une excroissance du continent, un Africain en dehors de la terre ferme, un empêcheur que tout tourne en rond. Il avait fallu d’abord abattre le sachem Issa Hayatou (le précédent président – pendant trente ans – et, pourquoi pas, potentiel candidat à la tête de la Fifa). Le Malgache était l’homme qu’il fallait pour assurer « l’intérim » avant l’avènement des anglophones. On comprend mieux maintenant l’empressement de la Cosafa (Council Of Southern Africa Football Associations) à soutenir le candidat Ahmad, plus facile à évincer qu’Issa Hayatou, puisque sans réelle base électorale. A partir de là, l’opération de démolition pouvait commencer. Avec un Gianni Infantino qui a besoin du « football africain » pour être réélu à la tête de la Fifa, la hantise du retour de la paire Platini-Blatter et leurs appuis y est sûrement pour quelque chose. Toujours est-il que Ahmad, devenu un enfant prodigue avec ses crimes de lèse-majesté, lui, est devenu indésirable. Voilà donc les pions de l’échiquier en place, le reste ne sera qu’un pauvre scénario de théâtre de boulevard, avec des intrigues qui se dégonflent à mesure qu’on s’achemine vers le dénouement.
Que n’a-t-on pas évoqué comme le manquement au devoir de loyauté comme l’acceptation et distribution de cadeaux ou de détournement de fonds jusqu’aux harcèlements sexuels mais ces accusations sont retombées comme un soufflet sauf l’objectif ultime, l’empêcher de se représenter.
Maintenant que les jeux sont faits, on a fermé la parenthèse Ahmad, Issa Hayatou est réhabilité comme président d’honneur de la Caf, le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe est devenu président suite à une vraie fausse élection avec un poste de vice-président de la Fifa à la clé, les ex-prétendus candidats seront casés et tout le monde est content. Mais on retiendra surtout que dans la géopolitique, mettre des hommes aux postes stratégiques est fondamental, ce n’est pas le proche parent de Patrice Motsepe, le président Cyril Ramaphosa, qui va le nier.
M.Ranarivao