Les personnes souffrant de cette maladie de l’oublie subissent souvent l’isolement. Leurs familles ne peuvent pas se permettre d’engager des auxiliaires de vie.
Souffrance intense sans douleur physique. C’est ce que vivent constamment les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Cette maladie liée à la dégénérescence neurale conduit à la perte totale de la mémoire chez les sujets, selon les explications du Dr Mbolatiana Raharinivo, médecin spécialiste en santé mentale. Ce qui les rend vulnérables, au point de devenir des personnes en situation de handicap (PSH). D’autant plus que ce sont en général des personnes âgées. «C’est la mémoire à court terme qui se perd en premier. Et si la maladie atteint son stade final, le sujet ne ressent plus ni douleur, ni aucune autre émotion. Il oublie tout, y compris les reflexes innés. Il ne peut même pas se souvenir de la manière avec laquelle l’on prend sa cuillère», confie ce médecin. Etant dans une telle situation, ces malades d’Alzheimer deviennent une charge énorme pour leurs familles. Ce qui les oblige souvent à enfermer ou à isoler ces personnes. «Il faut surtout éviter l’isolement. La solution, c’est d’engager des auxiliaires de vie si les familles n’ont pas le temps de s’occuper pleinement de leur malade. Ce sont ces personnes dotées d’une formation spécialisée qui doivent fournir un accompagnement complet pour les malades, incluant tous les soins spéciaux dont ils ont besoin», souligne le médecin.
300 000 Ar. Cependant, les services fournis par ces accompagnateurs spécialisés ne sont pas donnés. «La personne que j’ai engagée pour s’occuper en permanence de ma mère est payée à 300 000 Ar par mois», explique Rivo Rakoto, fils d’une malade d’Alzheimer. Outre toutes les dépenses journalières dans les foyers, la question est de savoir combien de familles peuvent s’offrir le luxe d’engager des accompagnateurs spécialisés pour leur malade. Qui plus est, à Madagascar il n’existe pas encore de formation permettant d’avoir des auxiliaires de vie certifiés. «Notre pays doit encore redoubler d’efforts pour que ces types de formation existent. Car faut-il rappeler que cette tâche doit revenir seulement à ceux qui ont les diplômes requis pour devenir des personnes fiables, expérimentées et non moins tolérantes», argumente le médecin. En attendant, bon nombre de familles des malades d’Alzheimer espèrent bénéficier d’aides venant de l’Etat, ainsi que de diverses associations qui prennent en charge les personnes âgées. Toutefois, jusqu’ici, seule une Ong fournit l’accompagnement des personnes souffrant de cette maladie de l’oublie, l’Ong Madagascar Alzheimer, Masoandro Mody.
Arnaud R.