Un coup de crayon et un univers visuel unique s’en sont allés avec Dieu Donné Randrianomenjanahary, connu sous la plume de Ndrematoa, décédé hier aux 67ha après son hospitalisation au CHU Anosy. C’est le pionnier de l’époque « Benandro », « Siringo », « Tsimatimanota » qui a laissé ses pairs dans une immense tristesse. Il a été de l’âge d’or du neuvième art malgache dans les années 80, une production locale, par des Malgaches de « souche » pour les lecteurs malgaches. D’une vraie identité urbaine et tananarivienne. Il fût ce temps où Madagascar pouvait se targuer d’avoir eu tout un imaginaire héroïque grâce à Ndrematoa et ses acolytes. Politique oblige, ce grand boom de la bande dessinée malgache a été freiné par le pouvoir en place, du temps de Didier Ratsiraka. Les raisons, personne ne le sait. Mais il fallait donc se re-cantonner aux Tintin et Milou, Astérix et Obélix. Les Strange, Marvel et Picsou Géant étaient pour les privilégiés et ceux qui voulaient d’autres alternatives aux gaulois et leur potion magique. Mais la patte de ce grand monsieur de l’art malgache a perduré, ensuite son travail a fait des émules. « C’est un des pionniers », reconnaît un autre grand de la bande dessinée nationale Tojo Alain Rabemanantsoa, de la nouvelle génération. « Je l’ai déjà connu dans ce milieu vers 1978, avec des artistes comme Xhi, ils ont sorti Besorongola », rappelle Rafally Razafindrakoto, un autre bédéiste de renom du pays. Les histoires de Ndrematoa décortiquent souvent des faits sociaux, un genre de travail dans les méandres de l’âme du peuple malgache. À cela s’ajoute un trait unique, des personnages crédules, les visages appesantis par le poids de leur vie… D’un seul coup d’œil, sa signature se reconnaît. Sa dépouille quittera le domicile familial à Ambodin’Isotry, mercredi à 7h pour la messe à l’église catholique Marie Thérèse n’i Jesoa avant de rejoindre sa dernière demeure à Andranonahahaka Anjepy.
Maminirina Rado