Comme presque tous les pays africains, Madagascar avait une « culture sonore » . Selon les spécialistes en sciences humaines, en l’absence de l’écriture, toute communication sonore, verbale aussi bien musicale, revient à la tradition orale. Alors, les Malgaches utilisent des instruments sonores tels que le Bankôra ou « trompette de coquille », qui est un instrument à vent fabriqué à partir d’une conque, la coquille de plusieurs espèces d’escargots de mer.
Selon les recherches effectuées, la conque est un instrument préhistorique. Elle est utilisée dans différents pays, notamment en Inde sous le nom de « shankha », Elle est souvent utilisée comme instrument de musique grâce à ses qualités sonores uniques. Mais c’est aussi un symbole sacré dans de nombreuses religions asiatiques. En effet, la conque est un des symboles de Bouddha, et c’est aussi un appel au culte dans la religion hindouiste.
« Communication événementielle ». Dans la Grande île, « elle est jouée exclusivement par les hommes pendant les cérémonies traditionnelles comme les “Fitampoha”, “Sambatra” et “Tsangan-tsaina”. Elle est alors considérée comme un objet sacré. Elle sert aussi de signal, permettant de donner l’alarme et de transmettre des messages ». Un véritable véhicule sonore de l’existence malgache. Elle est associée à de nombreuses expressions traditionnelles et culturelles, entre autres à informer d’un événement comme une naissance, un mariage, ou une circoncision. Dans certaines régions, elle est utilisée pour alerter d’un danger et sert aussi à sonner l’arrivée d’un illustre invité.
« Trésor » des “olo-be”. D’après certaines personnes, les « olo-maventy an-tanàna » ou gardiens traditionnels, gardaient l’objet chez eux et les jeunes l’utilisaient en cas de nécessité. Le gardien a toujours été considéré comme le détenteur de la parole, par conséquent la mémoire sociale du groupe. Il retient les faits et les événements importants de son temps mais aussi des temps passés, que ses pères lui ont confiés pour qu’il les restitue aux générations futures. C’est ainsi que, véritable professionnel de la parole, souvent âgé, il a pour rôle de transmettre la tradition et les mœurs. On fait appel à lui lors des événements importants pendant lesquels il ne se fait pas prier pour reconstituer la généalogie d’une famille…
Par ailleurs, cette tradition revêt un caractère dynamique et permet ainsi à l’individu de vivre dans un équilibre harmonieux aussi bien avec lui-même qu’avec les autres. Elle ne brise pas les structures psychiques des individus et ne marginalise pas les sociétés qui en vivent, mais leur offre plutôt les moyens de débloquer certains mécanismes sociaux grippés ou de dominer des phénomènes nouveaux et imprévisibles de manière à faire de l’homme le premier bénéficiaire du progrès.
Sans équivoque, la société traditionnelle est très différente de celle d’aujourd’hui. Effectivement, le monde évolue et les Malgaches ne peuvent pas faire marche arrière. Si les ancêtres sont caractérisés par l’esprit de groupe, le monde moderne dans lequel on vit prône l’individualisme. Dès lors, la société de nos jours assiste à l’éclatement des familles élargies.
Recueillis par Iss Heridiny
