Déjà meurtris par le délestage qui engendre énormément de pertes, le secteur privé malgache va encore endurer les mauvaises conséquences d’une décision unilatérale que vient de prendre l’Etat.
Il s’agit, en l’occurrence de la nouvelle obligation de céder la totalité des recettes en devises sur le marché interbancaire des devises.
Conséquences dommageables. En effet, un arrêté que vient de publier le ministère des Finances et du Budget exige dans son article 2 que « tout exportateur de marchandises et tout prestataire de services régis par le droit commun doivent céder 100% de leurs recettes d’exportation ». La même disposition précise que « la cession doit être effectuée sur le marché des changes dès rapatriement sans excéder un délai de 30 jours ». Cette nouvelle disposition initiée par la Banque Centrale de Madagascar a, tout simplement pris de court les exportateurs puisque la décision qui s’applique selon ses articles 3 et 7, dès sa publication par voie d’affichage d’émission radiodiffusée et télévisée a été prise sans qu’ils aient été consultés au préalable. Et pourtant cette nouvelle disposition est lourde de conséquences dommageables pour les opérateurs.
Très coûteuse. Car cette cession à 100 % leurs recettes d’exportation va obliger les opérateurs à convertir en ariary la totalité de leurs devises. Et au final, les exportateurs qui vont donc se retrouver avec 0 euro ou 0 dollar après chaque rapatriement, puis cession de devises, vont par la suite être obligés de convertir leur ariary en devises quand ils vont payer leurs partenaires et autres fournisseurs étrangers. Or, une telle opération est très coûteuse puisque les banques perçoivent des frais de transfert. De futures dépenses supplémentaires, en somme pour les exportateurs qui vont donc tout simplement perdre aux changes. Et comme le secteur des exportations est essentiel pour le développement, cette mesure contraignante qui rappelle l’ère socialiste est tout simplement antiéconomique. Et le secteur privé entend la contester à leur manière. Une affaire à suivre.
R.Edmond