
L’Alliance pour l’Industrialisation durable de Madagascar et le CREM (Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar), ont présenté hier à l’hôtel Colbert les résultats de la 4e édition du Baromètre de l’industrialisation.
Il s’agit d’un instrument de mesure de progrès permettant de faire sortir les indices multidimensionnels de perception de l’industrialisation par les principaux acteurs du secteur secondaire pour l’année 2019. Ce présent Baromètre laisse montrer qu’il y a une persistance des difficultés structurelles, selon les acteurs industriels enquêtés. Ce sont notamment des entreprises membres du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) et du groupement du patronat malagasy (FIVMPAMA) opérant dans le secteur manufacturier ainsi que des travailleurs membres de la CTM (Conférence des Travailleurs de Madagascar) et de la SSM (Solidarité Syndicale de Madagascar).
Menace. Et malgré les efforts entrepris par les industriels malgaches afin d’aligner les produits « Vita Malagasy » à ceux des produits similaires importés, seuls 30,51% d’entre eux ont déclaré être compétitifs. Par contre, 44,07% des industriels affirment que leurs produits sont plus chers. En effet, « l’adhésion de Madagascar aux institutions d’intégration régionale comme le COMESA, la SADC et la Zone de Libre Echange Continentale, constitue plutôt une menace pour les activités industrielles. En outre, l’Etat applique une loi visant à supprimer les Droits de Douane et la TVA sur le riz importé, depuis 10 ans. Si Madagascar importe 250.000 tonnes de riz, environ 700.000 tonnes sont déclarés soi-disant du riz import sur le connaissement. Et ces produits non déclarés sont mis en vente sans facture. Comment pouvons-nous être compétitifs face à cette concurrence malsaine ? », a expliqué Amiraly Hassim, le président du SIM. Et lui de rajouter : « à ma connaissance, cette pratique malsaine pourrait encore continuer car aucune mesure n’a été prise par l’Etat jusqu’ici, pour ne citer que l’arrestation des importateurs contrevenants ».
Inaction de l’Etat. Le présent baromètre de l’industrialisation souligne d’ailleurs l’insuffisance des interventions de l’Etat voire son inaction face à ces difficultés majeures rencontrées par les industriels locaux, excepté son intervention sur l’amélioration des infrastructures publiques et logistique. Il s’agit notamment de l’insécurité et de la concurrence déloyale. Celle-ci est due à l’invasion massive des produits importés et aux activités informelles. Du coup, la capacité de production des entreprises n’est exploitée en moyenne qu’à 55,09%, d’après toujours ce Baromètre 2019. La faiblesse du pouvoir d’achat domestique entraînant l’insuffisance de la demande et le défaut de mesures de protection, en sont les principales causes. Si l’on prend le cas du savon, entre autres, le besoin local est estimé à 37.000 tonnes. Les industries locales affirment être capables de produire 50.000 tonnes de savons par an. Elles peuvent ainsi bien couvrir la demande locale si leur capacité de production atteint les 100%. En tout, la part de marché des industriels locaux a baissé entre 35% et 63% à cause du manque de contrôle de l’Etat sur l’importation massive de certains produits comme le savon, le lait concentré sucré, les pâtes alimentaires, les huiles alimentaires et les huiles lubrifiants.
Satisfaire la demande. Par ailleurs, le Baromètre 2019 relate que les problèmes énergétiques restent encore une contrainte majeure au développement de leurs activités, selon 71,43% des industriels enquêtés. Et face à la propagation du coronavirus, « cela pourrait constituer une opportunité pour les industriels locaux car les importations seront limitées. En effet, nous pouvons rassurer les consommateurs que nous pouvons satisfaire les besoins locaux si notre capacité de production est exploitée à 100%. Toutefois, on attend que l’Etat applique une règle de jeu claire de commun accord avec le secteur privé pour les prochains mois à venir sinon ce sera une catastrophe totale. Quant au problème d’approvisionnement en intrants importés dans les pays affectés par le coronavirus, nous avons déjà trouvé une solution en négociant avec d’autres fournisseurs dans d’autres pays. En bref, nous sommes prêts à y faire face pour satisfaire la demande locale », a rassuré le président du SIM. Notons que le Baromètre 2019 souligne que 52,02% des intrants utilisés par les industriels locaux sont importés. Et en dépit de tout cela, 55,43% des entreprises interrogées attendant des impacts positifs par rapport à la politique et aux actions de l’Etat pour les prochains mois.
Navalona R.