
Le projet d’extraction de l’ilménite à Toliara fait face à une résurgence de tensions sociales marquées par des échauffourées. Des événements qui mettent en question la stratégie de communication des équipes de Base Toliara et de leur cabinet Africa Practice.
Le climat social autour du projet d’ilménite à Toliara se tend à nouveau. Des manifs ont éclaté dans les quartiers de Benetsy et de Tsiafanoka en fin de semaine dernière, relançant les inquiétudes sur la capacité des opérateurs miniers à mener ce projet dans un climat apaisé. Alors que les manifestations prennent une tournure virulente, les enjeux économiques colossaux du projet Base Toliara se heurtent à une contestation persistante.
Des vidéos largement partagées sur les réseaux sociaux témoignent de scènes d’échauffourées à Benetsy, où des manifestants réclament l’arrêt du projet « à tout prix ». À Tsiafanoka, une autre vidéo montre des centaines de personnes s’en prenant à une maisonnette où se seraient retranchés des employés de la société minière. Ces épisodes illustrent une fracture toujours réelle entre partisans et opposants du projet, avec des risques croissants d’affrontements entre civils.
Le gouvernement est déjà monté au créneau à plusieurs reprises pour appuyer ce projet stratégique. Il a réaffirmé son soutien total au projet porté par Base Resources, filiale d’Energy Fuels, une entreprise américaine cotée en bourse. L’État met en avant les retombées économiques attendues avec un investissement de plus de 700 millions de dollars, des financements dédiés à la région Atsimo-Andrefana à hauteur de 40 millions, une enveloppe équivalente pour des projets nationaux, et 4 millions de dollars par an alloués aux communes riveraines. À long terme, les revenus pour l’État malgache sont estimés à 5 milliards de dollars sur 38 ans.
Mais sur le terrain, ces promesses économiques ne suffisent pas à calmer la contestation. Le mécontentement d’une frange de la population locale, loin d’être récent, s’est enraciné depuis plusieurs années dans les quartiers impactés par l’extraction, et aussi à Ranobe, épicentre du projet. Les campagnes de sensibilisation et de plaidoirie, conduites jusqu’ici par les équipes du projet et notamment avec le soutien du cabinet de conseil en stratégie de communication, peinent à produire des résultats tangibles. Fort de six bureaux en Afrique, ce cabinet s’est vu confier la mission de façonner une stratégie d’influence censée rallier les populations locales au projet.
Adhésion partielle
Toutefois, les récents événements à Toliara mettent en lumière les limites, voire l’échec manifeste de cette approche. Une stratégie désormais remise en question face à l’enlisement du dialogue social. Les campagnes d’information mises en œuvre n’ont pas suffi à répondre aux craintes d’une frange de la population laquelle est devenue une cible accessible à certains politiciens opportunistes qui eux, veulent également, saper le projet. À Ranobe, par exemple, point névralgique de la contestation, les habitants expriment depuis des années leur rejet du projet. Nos enquêtes de terrain, menées en avril dernier, confirment une hostilité persistante et une division croissante au sein des villages concernés.
En dépit des campagnes de recrutement et des efforts de communication, ainsi que la détermination du gouvernement à faire avancer le projet, le feu couve dans les communautés riveraines. L’adhésion de la population locale demeure encore partielle, et la colère, bien que sporadique, reste vive. Pour de nombreux observateurs, la stratégie de communication menée par le projet semble avoir atteint ses limites, et l’absence d’un travail de médiation en profondeur fragilise la pérennité du projet.À mesure que la pression monte, la question devient pressante. L’équipe actuelle en charge du projet est-elle alors en mesure d’instaurer un dialogue durable avec les communautés ? À l’heure où les autorités veulent faire de Base Toliara un levier majeur de développement économique régional, le projet avance, mais dans la douleur, avec le spectre d’un nouveau cycle de violences à tout moment.
Rija R.
Toujours les même Blablabla !!!!
Il n’y a pas de politiciens opportunistes , la rengaine de diabolisation du régime La population locale est assez mûre pour comprendre les dangers que véhicule ce projet pour la population et l’environnement !
La seule solution pour calmer les esprits est de mettre en place une commission d’enquête parlementaire faisant appel à des experts indépendants qui statueront sur les effets de ce projet sur l’environnement et sur la santé de la population impactée.