
Un cadre légal électoral en place, un nouveau gouvernement inclusif avec un Premier ministre de consensus, un calendrier électoral bien défini. Ce sont les réalisations de l’Etat et des différents acteurs concernés par le processus électoral, lesquelles ont convaincu l’Union européenne à officialiser sa contribution au Sacem (Soutien Au Cycle électoral de Madagascar). La signature de la convention entre le Pnud, l’UE et la Ceni a été effectuée hier, dans les bureaux annexes de la Ceni, à Nanisana.
1,5 million d’Euros ou 1 777 251 de Dollars. Tel est le montant de la contribution de l’Union européenne dans le « Basket Fund Sacem » qui recouvre les élections générales jusqu’en 2019. Pour la présidentielle, en particulier, un gap par rapport au budget initial demeure à combler nonobstant le fait que le processus électoral ait été démarré et puisse être acheminé à terme tant bien que mal. Sur ce point, nous ne sommes pas sans savoir que, pour le moment, le projet SACEM contient un peu plus de la moitié des 12 millions de Dollars escomptés. Quoi qu’il en soit, du côté de la Ceni, on affirme qu’ « il n’y a plus de problème financier qui pourrait entraver le processus électoral ». Et au niveau du Pnud, l’on soutient que « le budget sera assuré pour soutenir le processus ».
3 500 000 Euros. L’Ambassadeur de l’Union européenne à Madagascar, Antonio Benedito Sanchez, a fait savoir que « cette contribution complémente d’autres actions financées par l’UE, entre autres, les activités des organisations de la société civile, la mise en place des observateurs pour la prévention de la violence liée aux élections, l’éducation civique et la sensibilisation de la population ». En tout, selon toujours ses explications, l’Union européenne injecte un financement global à hauteur de « 3 500 000 Euros » pour l’ensemble du processus électoral malgache.
Fragilité. Néanmoins, malgré tous ces efforts, il est loisible de souligner que des péripéties demeurent. C’est le cas, par exemple, de l’inégalité de chances des candidats déclarés et des potentiels candidats – au niveau financier – qui se trace d’ores et déjà. Par ailleurs, le contexte actuel fait que des tensions subsistent entre les politiciens et que la moindre frénésie est susceptible de perturber les efforts de stabilité conjugués principalement dans le cadre électoral. Pour Antonio Benedito Sanchez, l’unique solution pour pallier à ce qu’il qualifie de « fragilité » n’est autre que « le renforcement du consensus ». Une mesure qui s’aligne sur la recherche d’élections libres, crédibles, démocratiques et dans les normes constitutionnelles, pour reprendre ses termes.
Précampagne. Et puisque l’on a soulevé la question relative à l’inégalité de chances des candidats, la précampagne en est un autre aspect. En effet, nous ne sommes pas sans savoir que quelques soi-disant « grandes figures » de la politique malgache font le tour de Madagascar pour préparer leur victoire à la course à la magistrature suprême, ou s’auto-évaluent et prétendent avoir un bilan assez positif pour être de nouveau à la tête du pays pour les cinq prochaines années. Mais, nonobstant le fait que cela porte atteinte au principe d’égalité de chances des candidats, ces personnalités ne seront pas punies dans la mesure où la précampagne, rappelons-le, souffre d’un vide juridique dommageable pour le bon déroulement des élections. Pire ! La Ceni, la structure constitutionnelle chargée d’organiser, de conduire principalement le processus électoral, se sent « impuissante » par rapport à ce fait. Hier, Hery Rakotomanana, son président a été peiné de l’annoncer indirectement. « Nous n’avons rien à vous dire sur le plan légal concernant la précampagne, mais nous allons essayer de gérer la situation», a-t-il avancé.
Souveraineté. Effectivement, l’encadrement juridique de la précampagne a toujours été relégué depuis l’élaboration des premiers textes électoraux, jusqu’à maintenant ; et ce, en dépit des alertes lancées par les organisations de la société civile. Pour l’Union européenne, c’est la traduction du caractère « assez jeune » de la démocratie malgache. Mais Antonio Benedito Sanchez est catégorique : « Les élections de 2018 doivent être des élections de plein retour à la réalité démocratique », même si force est de reconnaître que leur légitimité – faute aux lois électorales bancales et au vide juridique – reste à prouver. « La communauté internationale doit continuer à prêter son soutien dans le respect de la souveraineté du pays », poursuit-il.
Omniprésence. Sur ce point, il faudrait souligner l’omniprésence de la communauté internationale dans les affaires électorales de Madagascar. Est-il vrai (même si c’est tout à fait discutable) que Madagascar, à son niveau, doit recourir aux aides internationales et aux différentes formes d’assistanat. Tout porte même à croire ou tout ne fait que confirmer (c’est selon) que l’on est vraiment incapable de conduire, de gérer nos propres affaires sans (l’implication de) la communauté internationale. « Il faut rester vigilants et il faut continuer à accompagner Madagascar », réitère Antonio Benedito Sanchez, en illustrant ses propos avec les différents projets conçus par l’Union européenne avec la société civile malgache, tels que « Fandio » et « Fanilo », ou le « Pev ». Mais ce n’est pas tout. Le président de la Ceni a informé que « les observateurs électoraux internationaux, issus – entre autres – de l’Union européenne, de l’Union africaine et de la SADC feront en sorte que les élections ainsi produites soient reconnues par la communauté internationale ». D’ici peu, les experts de l’OIF seront dans nos murs pour effectuer un audit international des listes électorales. Bref, des scenarii loin d’être nouveaux. Plutôt la répétition des autres qui n’ont fait que reconduire le pays dans une crise politique cyclique…
Aina Bovel