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dimanche, juillet 6, 2025
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Bavures policières : L’affaire Ampefiloha réveille plusieurs dossiers non élucidés

La restauration de l’Etat de droit figure parmi les priorités du régime Rajoelina. Pourtant, pour le moment, aucune réaction officielle n’a été faite.

Vendredi dernier, un policier en cagoule a tiré à bout portant sur la tête d’un homme qui s’est allongé ventre à terre à Ampefiloha. Les faits se sont déroulés devant une centaine de témoins dont plusieurs enfants. Les responsables au sein de la Police nationale ont expliqué que cet homme fait partie d’un gang qui prévoyait un braquage du côté d’Antsahamanitra.

Patrouille. Dimanche soir vers 20h30, du côté des 67Ha, des militaires qui ont assuré la patrouille militaire ont violenté un client et trois membres d’une famille du propriétaire d’un bar. D’après les explications de l’une des victimes, cinq militaires ont braqué leurs armes sur tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur. Une plainte a déjà été déposée au Commissariat du 7è Arrondissement aux 67Ha. Ces militaires sont accusés d’abus et de vol.

Cadre légal. Ces deux affaires ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. Pour l’affaire Ampefiloha, une vidéo d’un policier tirant sur la tête d’un homme à terre a fait le tour de facebook après avoir été publié au journal d’une télévision privée de la capitale. Pour ce qui est du cas de la patrouille militaire aux 67Ha, les victimes ont partagé les photos d’illustration sur facebook. Pour les deux cas, les avis divergent. Il faut reconnaître en effet que la présence massive des éléments de Forces de l’ordre sur le terrain a fortement diminué l’insécurité. En outre, les malfaiteurs n’ont aucune pitié et n’hésitent pas à tuer lorsqu’ils passent à l’acte. L’initiative des responsables des Forces armées de mobiliser des patrouilles militaires pour rétablir l’ordre et la sécurité sur toute l’étendue du territoire est fortement saluée. Cependant, l’opération doit se faire dans le respect du cadre légal et en faisant preuve de professionnalisme. Pas plus tard que la semaine dernière, le Premier ministre Ntsay Christian a critiqué sévèrement le comportement de certains policiers et a ordonné « la fin de l’incompétence et du non respect de la loi ». Un ordre loin d’être suivi à la lettre pour le moment.

« Exécution sommaire ». En effet, depuis quelques temps, l’on remarque que les abus des Forces de l’ordre et les bavures policières regagnent du terrain. Même si l’homme qui a été abattu froidement à Ampefiloha est réellement un bandit, personne n’a le droit d’ôter la vie d’un homme. Plusieurs observateurs qualifient l’acte du policier d’ « exécution sommaire ». Un fait de violation flagrante des droits humains qui risque d’engendrer une poursuite. D’autant plus que les faits se sont déroulés sous les yeux de nombreux témoins dont plusieurs enfants.

Expédition punitive. Quoiqu’il en soit, cette affaire risque de réveiller plusieurs dossiers de bavures policières non élucidés. Pour ne citer que l’affaire Antsakabary où 45 policiers ont incendié tout un village en 2017. 400 maisons d’habitation ont été réduites en cendre. Dans un rapport d’investigation, la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) a révélé l’homicide involontaire d’une femme âgée qui avait été brûlée vive dans son foyer lors de cette expédition punitive, ainsi que les maltraitances physiques, les tortures et les pillages commis par les policiers. Malgré la fuite quelques mois après les faits, d’une vidéo et des photos accablantes, aucune arrestation n’a été faite et aucune mesure n’a été prise à l’encontre des responsables, du moins officiellement. Quid également de l’affaire Rehavana Michel où plusieurs policiers ont tabassé à mort le Substitut du Procureur du Tribunal de Première instance de Toliara le 9 décembre 2011, suite à la condamnation à 5 ans d’emprisonnement ferme d’un de leur collègue qui a été poursuivi pour avoir loué son arme de service à un gang.

Etat de droit. Pour le moment, l’on ne voit aucune réaction des responsables au niveau de la Police nationale à propos de l’affaire Ampefiloha. Aucune mesure n’a également été prise contre les policiers présents sur place vendredi. La restauration de l’Etat de droit constitue l’une des priorités du régime. Depuis le mois de janvier, l’on remarque une réelle volonté du président Andry Rajoelina et de son équipe de lutter contre l’impunité et de fournir tous les efforts pour regagner la confiance de la population envers la Justice et les Forces de l’ordre. Pourtant, ce genre de comportement risque de freiner cet élan et de réduire en miette les actions menées actuellement dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. Histoire à suivre.

Davis R

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