Ils se sont bousculés toute la journée d’hier au Colbert pour avoir au moins un maroquin au sein du premier gouvernement de la IVe République. En faisant miroiter leurs CV, les candidats ne peuvent cependant pas être assurés d’être choisis par le Dr Kolo Roger car de nombreux paramètres entrent en ligne de compte, l’honnêteté et la compétence n’étant pas des moindres. Les vieux chevaux de retour qui ont quand même essayé de se placer se sont certainement aperçus que la donne a changé. Le Premier ministre doit certes tenir compte du paysage politique et des rapports de force, mais on sait qu’il a une haute considération de sa fonction et de la mission que lui a confiée le président de la République. Il a reçu tous les prétendants au poste de ministre de manière très courtoise, mais il n’a rien laissé paraître de ses intentions. Il sait qu’il n’a pas droit à l’erreur et doit faire preuve de discernement dans son choix. Le pays a besoin d’une mise en marche rapide de la machine gouvernementale car l’attentisme de ces derniers temps n’a que trop duré. On estime que le suspense, si suspense il y a, ne devrait plus durer longtemps.
Beaucoup d’appelés et peu d’élus
Les Malgaches, jusqu’à présent, ont été d’une patience rare car ils ont entendu les promesses de bonne gouvernance du chef de l’Etat. Les problèmes auxquels le gouvernement devra s’attaquer sont nombreux et nécessitent un début de solution.
Actuellement, cette course aux postes ministériels, pour importante qu’elle soit, n’est somme toute qu’une mauvaise comédie. Les projecteurs qui sont braqués sur cet événement ne peuvent occulter le mal vivre de la population. Les manifestations qu’ont entraînées les délestages dans différentes villes de Madagascar sont la partie émergée de l’iceberg que représentent les multiples difficultés de la vie quotidienne. L’insécurité qui vicie l’atmosphère sociale en est une autre. Les jours qui vont suivre vont donc être déterminants pour la vie de la nation. Peu importe le nombre de ministres et de secrétaires d’Etat qui vont être nommés, l’essentiel est qu’ils soient tout de suite opérationnels et qu’ils fassent preuve de diligence et de compétence dans l’accomplissement de leurs tâches. Le Premier ministre en est bien sûr conscient et il sait qu’il ne faut plus tergiverser. Aujourd’hui, demain ou dans trois jours, la composition du nouveau gouvernement sera connue et le pays pourra pousser un soupir de soulagement. En attendant, on se bouscule au portillon de Kolo Roger. Il y a beaucoup d’appelés et il y aura peu d’élus.
Patrice RABE