Faisant partie de la délégation de l’Assemblée nationale ayant participé à la COP21, le député de Sambava apporte des éléments d’explication sur cet évènement. Interview.
Midi : Vous faisiez partie de la petite délégation malgache à la COP21, qu’est-ce que cette conférence a réellement apporté pour Madagascar ?
Behavana Raveloarivonjy : « D’abord, j’aimerai souligner qu’effectivement, Madagascar a été le seul pays au monde faiblement représenté durant cette conférence. Notre délégation n’était composée qu’environ une quarantaine de personnes. Les organisateurs nous ont ainsi reproché à cause de cela. Contrairement à ce qui a été véhiculé, ce n’était pas l’Etat qui a pris en charge la délégation. C’était plutôt les organisateurs. Face aux critiques malsaines, Madagascar était obligé de revoir à la baisse le nombre de sa délégation. Pour revenir à votre question, je peux vous dire que la COP21 nous a, entre autres, permis de bénéficier d’un financement important pour lutter contre le changement climatique. Madagascar fait partie des pays victimes de l’émission de gaz à effet de serre, alors qu’il n’en a produit presque rien, alors, la conférence a décidé d’accorder un budget de 100 milliards de dollars par an, à titre de dédommagement à ces pays qui ne sont d’ailleurs pas nombreux, une dizaine de pays seulement. Pour lutter contre le changement climatique, nous avons également obtenu un financement d’une centaine de millions de dollars. Par ailleurs, la conférence nous a permis d’avoir des échanges avec les partenaires. Ainsi, il est injuste et malhonnête de dire que la délégation malgache est rentrée bredouille de la COP21 ».
Midi : En tant que membre du Groupe parlementaire HVM, que pouvez-vous dire des critiques acerbes lancées par les détracteurs du régime ?
B.R : « Il ne faut pas déstabiliser le pays. Il ne faut pas mettre en cause la démocratie. Il ne faut pas non plus chercher à commettre les erreurs du passé en tentant par exemple de renverser le pouvoir en place par une voie anti-démocratique et/ou extraconstitutionnelle. Surtout pas en ce moment où nous sommes encore en train de reconstruire le pays pour combler le vide causé par la dernière crise politique. Qu’est-ce que la déstabilisation nous apporterait ? Certainement une instabilité et des difficultés sur les plans politique, économique et sociale. Un grand danger pour l’économie, puisque les investisseurs vont de nouveau se décamper. Contrairement à ce que l’on a vécu durant le précédent régime, la liberté d’expression est désormais garantie. Nul n’ignore cependant que la liberté a des limites. L’opposition est libre de critiquer. Pourvu cependant que les critiques soient constructives et non déstabilisatrices ».
Midi : Quid alors des difficultés subies au quotidien par la population et aux problèmes des sociétés d’Etat telles que la Jirama et l’Air Mad ?
B.R : « Les problèmes de ces sociétés ne datent pas de ce régime. A cause du manque d’entretien, de la mauvaise gestion depuis qu’elles ont été créées, et surtout faute de l’absence d’une vision à long terme sur certains projets de développement. Je peux vous assurer qu’avec la manière dont on les a gérés depuis, même Ratsiraka ou encore Ravalomanana auraient des difficultés à les remettre sur les rails actuellement. A cela s’ajoute le vide laissé par la Transition qui a quand même duré cinq ans. Ainsi, je le répète encore, nous sommes en train de reconstruire le pays, il faudra se donner la main, si nous sommes vraiment patriotes comme on veut bien le prétendre. Chaque citoyen a une part de responsabilité dans le développement du pays. Alors je lance un appel à tout un chacun pour construire ensemble Madagascar. Si vous avez des critiques à faire, faites-les mais de manière constructive et non négative.
Propos recueillis par Davis R
