Sept heures du matin hier; le quartier commercial de Behoririka a été le théâtre d’un enlèvement. « J’ai vu au moins quatre individus. Ils étaient à bord de trois motos, cagoulés et armés de kalachnikov et de pistolets automatiques », a indiqué un témoin sur place. La victime est un ressortissant indo-pakistanais de nationalité française du nom de Pradeep Chandarana, propriétaire d’un grand hôtel situé au centre ville. Tous les matins, il récupère sa voiture dans un parking se trouvant non loin de son domicile. De cette habitude, les malfrats se sont bien renseignés. Ils ont saisi l’occasion pour exécuter l’opération. Le mode opératoire ressemble au classique du kidnapping : menacer la victime avec des armes à feu, l’agresser s’il y a résistance et l’embarquer de force, par la suite, à bord d’un matériel roulant. A en croire les dires des témoins sur place au moment des faits, tout s’est déroulé ainsi, à la seule différence que les kidnappeurs ont embarqué leur victime sur une moto, en sandwich entre deux kidnappeurs. Du jamais vu en matière d’enlèvement, même dans une scène hollywoodienne, la victime ayant été emmenée en triple montée sur une deux-roues. Une caravane constituée de trois motos s’est ainsi formée et l’on a compris que les autres individus étaient là pour escorter le déplacement. Aucune plainte n’a été déposée auprès de la police criminelle. De son côté, la famille a décidé de garder le silence de peur que la victime ne soit exécutée par ses ravisseurs. Au moment du kidnapping, les passants étaient déjà nombreux à fréquenter le quartier de Behoririka. Mais personne n’a pu intervenir, en voyant les armes brandies par les malfaiteurs : un kalachnikov et des pistolets automatiques.
Série noire. Alors que le jeune Indien Yanish Ismael vient d’être libéré la veille, après 23 jours de séquestration, un autre a été kidnappé le lendemain. C’est dire que la série noire continue pour les ressortissants indo-pakistanais dans la Capitale. Les observateurs cherchent à comprendre la réalité derrière ces actes d’enlèvement, mais aucune explication officielle n’a été fournie. Et même la police criminelle peine à en connaître les détails sur ces affaires faute de collaboration de la famille avec les enquêteurs et ce, pour une raison, somme toute, compréhensible : la crainte de l’exécution de la victime. Les investigations restent au niveau des enquêtes de voisinage. Tout au plus, on invite les ex-kidnappeurs déjà incarcérés à Tsiafahy à donner des renseignements sur les probables auteurs. D’un autre côté, faute de moyens technologiques adéquats, les enquêtes peinent à avancer. Le chef de la gendarmerie d’Analamanga a avoué cette faiblesse. « Nous n’avons pas d’équipement permettant de localiser les appels téléphoniques et cela rend la tâche plus facile aux kidnappeurs. Ainsi, quand le cas se présente, il nous faudrait adresser une demande de réquisition téléphonique auprès du parquet qui ordonne à l’opérateur téléphonique de collaborer. Un circuit qui prend parfois plus de deux semaines et qui retarde tout le processus d’investigation » a-t-il expliqué. Tout cela laisse penser que si l’on veut vraiment combattre les crimes, il nous faut former des experts et les doter des moyens adéquats dont la technologie de pointe. Partout dans le monde, la technique d’enquête par le profilage criminel, obsolète, n’est plus utilisée.
D.R