L’Eglise protestante unie de France a adopté lors de son synode national, il y a deux semaines, « la possibilité de bénir les couples de même sexe ». A Madagascar, une telle éventualité reste inimaginable.
Depuis la semaine dernière, l’Eglise protestante unie de France autorise la bénédiction des couples de même sexe. Une évolution assimilée à un progrès pour les uns, une abomination pour les autres, arguant qu’il s’agit d’une religion chrétienne devant se référer « uniquement et strictement » à la Bible. Mais même au sein de l’ensemble des églises protestantes en France, réunissant l’église réformée de France et l’église évangélique luthérienne de France, cette décision prise lors du dernier synode national, du 14 au 17 mai dernier, continue de créer des polémiques. A Madagascar, une telle décision demeure encore impensable. La question a été posée aux tananariviens, il y a une quinzaine de jours dans le cadre d’une enquête effectuée par l’Agence Capsule : « Selon vous, l’Eglise protestante de Madagascar devrait-elle aussi agir de la sorte ? ». Réponse massivement négative, à 98 %. Les 2 % restants partageant un « oui » à 1 % et « envisageable » à 1 %.
Catégorique. Ce refus catégorique pourrait refléter la perception par les Malgaches, croyants ou pas, et sans distinction de religion (les personnes ayant fait l’objet de l’enquête étant un échantillon représentatif d’individus âgés de plus de 18 ans) de la question de la bénédiction des couples de même sexe, et par extension, l’acceptation de l’homosexualité. Indépendamment de la religion, l’homosexualité reste encore peu acceptée dans la société malgache et les situations d’exclusion et de stigmatisation restent courantes. De même, les cas de violences homophobes, physiques ou non, sont une réalité dont certains, particulièrement médiatisés. Autant de situations qui composent le vécu de nombre d’homosexuels à Madagascar et constituent un volet dans les activités de plusieurs organisations non gouvernementales en activité dans le pays.
Nuance ! Certaines relations entre individus de même sexe sont, toutefois, tolérées par une partie de l’opinion. Cependant, dès que la religion entre en jeu, le refus est net : la seule idée de célébrer une union entre personnes de même sexe au sein de l’église est perçue comme un sacrilège. Bref, entre la situation à Madagascar et le « mariage pour tous » en France – et dans d’autres pays occidentaux – il y a un grand fossé qu’il n’est pas encore envisageable de combler. D’ailleurs, même au sein de l’Eglise protestante unie de France, la nuance a été soulignée : elle « n’a pas dit oui au mariage gay ». L’explication fait référence à la possibilité par les pasteurs qui le souhaitent, de procéder à des bénédictions, mais uniquement avec l’accord du conseil presbytéral. La nuance entre « autoriser la bénédiction de couples de même sexe » et « mariage gay » est, cependant, difficile à établir, peu évidente et contestable, pour les mouvements hostiles à l’union homosexuelle.
Condamnation. A Madagascar, les églises protestantes ne sont pas près de s’engager sur le même chemin que celui de l’Eglise protestante unie de France. Sur le plan législatif, l’union civile entre personnes de même sexe n’est pas autorisée, tout comme il n’y a pas de loi condamnant pénalement les relations entre personnes de même sexe, comme c’est, par exemple, le cas dans d’autres pays d’Afrique dont l’Ouganda et plusieurs pays du Moyen Orient où l’homosexualité est punie par la loi, voire passible d’une condamnation à mort.
Hanitra R.